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17 – Du 25/04 au 01/06/2023 – INDE DU NORD

24/04/2023 – Etape 63 – Haridwar

J’arrive en bus après 25h de trajet depuis Lumbini, en repassant par Gorakhpur comme à l’aller (Etape 62). Je suis fatiguée mais contente d’être arrivée ! Avant de partir vers le centre, je me pose à la station de bus pour un petit déjeuner. Ici on ne commence pas la journée sans un bon chai et un biscuit feuilleté qu’on trempe dedans. Simple et efficace. Je rencontre une bande de copains fort intrigués de me voir là, ils étaient très sympas, ils m’ont donné quelques conseils de visite.

Au bord du Gange, une ville surprenante,  déroutante même, je nomme Haridwar. C’est une ville ancienne et un important lieu de pèlerinage hindou dans la région d’Uttarakhand. Haridwar est considéré comme l’un des sept lieux les plus sacrés pour les hindous. Moins touristique que sa fameuse voisine Rishikesh, la capitale du yoga, elle m’a plongé dans un nouvel univers, welcome back in India.

 

Je m’y suis arrêtée un peu par hasard, parce qu’une copine m’en avait parlé quelques semaines plus tôt et j’ai pris un vrai choc culturel, celui-là même que tu vas chercher en voyage, mais auquel tu n’etais pas du tout préparée, une claque. On ne peut pas imaginer l’ambiance qui règne aux bords du Gange avant d’y avoir mis les pieds, au centre propre comme figuré.

Sur les ghats Har Ki Pauri, on s’y baigne, en famille ou entre copains, on y organise des cérémonies, on y mange, on y passe le dimanche en famille, on y fait ses premiers pas, on y vient en pèlerinage, on y fait des offrandes, on y fait son linge, on se prend en photo accroché aux chaînes (plus que nécessaires avec le courant de l’eau). Une animation permanente, du matin au soir.

Si ce n’est pas les pieds dans dans l’eau c’est depuis le temple Mansa Devi en haut de la colline que l’on aperçoit le Gange sur plusieurs kilomètres. On peut aussi voir l’énorme statue de Shiva, on aperçoit même Rishikesh au loin.

C’est précisément à cet endroit, en effet, que le fleuve sacré Gange entame son voyage qui le voit baigner les villes saintes, après avoir jailli des sources himalayennes et avoir parcouru tout le trajet qui l’a amené ici. Ici ses eaux sont claires et pour cette raison elles sont choisies pour le bain purificateur.

J’ai trouvé un hôtel très sommaire dans le centre. Cela n’a pas été facile, j’ai dû demander à 3 hôtels avant de me faire accepter. J’ai senti qu’être une femme, seule, et étrangère n’a pas joué en ma faveur. Bref, dans le 4ème, je me suis fait accepter, mais j’ai dû remplir plusieurs papiers et ils ont photocopié toutes les pages de mon passeport !

Pour voir toutes les photos de Haridwar, allez dans la galerie, ou cliquez directement ICI.

Je pars de Haridwar dès le lendemain direction Dharamasala, je suis arrivée en avance à la station de bus, du coup, je m’assois sur les marches au bord du Gange en attendant, je cherche l’ombre. Je suis l’attraction du coin, et franchement pas d’humeur. Je suis fatiguée, il fait chaud, et encore un peu tristounette d’avoir quitté le Népal, je suis dans ma bulle, heureusement la glace à la mangue (à 20 centimes !) remonte le moral. Les vendeurs ambulants ont décidé d’être insistants aujourd’hui, je dois dire non 10 fois très fermement avant qu’ils ne partent, certains viennent faire des selfies, hommes ou femmes, sans même me demander, ils s’assoient à côté de moi et posent, ou d’autres viennent parler en hindi et ne s’arrêtent plus… non là c’était trop pour aujourd’hui, j’ai été obligée de changer de place 2 fois, le temps était au ralenti. Je me surprends moi-même à garder mon calme.

Quand enfin j’étais assise dans le bus, j’ai pu relâcher mon attention. Pas de couchette cette fois, mais des sièges plutôt confortables et inclinables. Drôles de rencontre dans le bus, je retombe sur une fille que j’ai rencontré à Goa, le monde est petit, même l’Inde ! et mon voisin de siège est un acteur qui a joué dans un film qui sort en salles en octobre, très intéressant de parler avec lui. Je serai contente d’aller voir le film, « En attendant la nuit ».

Toutes les 2 heures le bus s’arrête, j’arrive quand même à dormir quelques heures sur les 12, enfin je crois. Mathias, mon voisin a dû me réveiller à l’arrivée à Dharamsala, donc oui j’ai dû dormir. Je partage un taxi pour rejoindre McLeod Ganj à 9km, un quartier de Dharamsala, puis je termine à pied jusqu’à Bhagsu, un village voisin.

26/04/2023 – Etape 64 – Dharamsala et alentours

Dharamsala est la terre d’accueil du XIVème Dalaï Lama, aux pieds des montagnes Dhauladhar. Mc Leod Ganj est un quartier de la ville haute de Dharamsala, à 2080 mètres d’altitude. Les magnifiques environs de cette ville (montagnes, lacs, cascades) suffisaient à donner à Lord Elgin, alors vice-roi britannique, le goût de la déclarer capitale d’été de l’Inde.

McLeod Ganj est surnommée la « petite Lhassa » car elle accueille tous les réfugiés tibétains. Lhassa est la capitale de la région autonome du Tibet en Chine (je viens de l’apprendre !). On y trouve le monastère Namgyal du Dalaï Lama, le plus grand monastère tibétain en dehors du Tibet. Le Dalai Lama y a établi son QG suite à son exil en 1959, pour échapper aux persécutions religieuses et politiques liées à l’occupation chinoise, ce qui est encore d’actualité !! 

Dharamsala est devenue une attraction touristique autant par les touristes étrangers qu’indiens. Cafés, bars, chambres d’hôte, salles de yoga, salons de tatouage, stages de médecine naturelle, de bouddhisme, de spiritualité. Toute la population bobo et hippie de Goa vient passer la saison ici, au frais. J’avais prévu de venir dans cette zone, suite aux conseils que j’avais reçus d’une amie à Auroville, mais heureux hasard, les danseurs de Contact Improvisation viennent aussi passer quelques mois à Mc Leod Ganj, Bhagsu ou Dharamkot, deux villages voisins et ils organisent une retraite pile quand je suis là, autre « heureux hasard ».

J’avais réservé une auberge de jeunesse à Bhagsu, assez simple, avec un staff super accueillant. Je m’y suis sentie « à la maison ». J’ai partagé le dortoir avec Clément, un gars super sympa, avec qui je suis allée prendre des cours de yoga et faire quelques tours en ville. Le pauvre, on lui avait piqué son sac dans un bus, avec son passeport… du coup il a bataillé pendant deux semaines, presque tous les jours, avec les autorités françaises et indiennes pour refaire des papiers et pouvoir revenir en France.

Ayant quelques jours devant moi, je me suis inscrite à un stage pour appliquer des soins avec des bols chantants tibétains. C’est une thérapie par le son, provoquant notamment une relaxation profonde, une libération des tensions et amélioration de la qualité du sommeil. Le massage par le son est fait grâce à un maillet en bois et en feutre (ou en cuir), délicatement frappé sur les contours de plusieurs bols à intervalles réguliers, dans un ordre précis. Ils sont souvent au nombre de 7 et constitués d’un alliage de 7 métaux différents, principalement de l’étain. Chaque bol émet une fréquence qui lui est propre et qui associée à un des 7 chakras principaux.

Chaque bol propage des vibrations qui se répandent dans le corps, provoquant une sensation de détente et lâcher prise. Les ondes vibratoires réalignent les chakras et stimulent la libération des énergies.

C’était passionnant et tout à fait nouveau pour moi, encore un monde à explorer ! Je vais pratiquer encore d’ici le retour !

Même si j’ai découvert la thérapie sonore, ma thérapie à moi c’est définitivement la danse et le mouvement. J’ai  la chance de participer à une retraite de danse pendant deux semaines, à Kareri, dans un village paumé dans les montagnes à 1 heure de Dharamsala. J’y serai jusqu’au 14 mai.

07/05/2023 – Kareri

C’est mon jour de repos, entre les deux semaines. Prise dans un tourbillon, voici quelques mots qui me viennent à l’esprit pour décrire ce que je vis.

Connexion. Exploration. Improvisation. Corps. Écoute. Déconstruction. Contact. Émotions. Échange. Authenticité. Expérience. Expansion. Partage. Danse, danse, danse et encore de la danse.

23/05/2023 – Bhagsu, village voisin de Dharamsala

Il grêle aujourd’hui, bien comme il faut ! Le responsable du resto ou je suis vient de me filer une couverture, je suis bien reconnaissante, après avoir eu très chaud aujourd’hui, il fait bien frais maintenant. Qui dit jour de pluie, dit jour d’ordi et mise à jour de mon journal, tout s’enchaine tellement vite ces derniers temps, il y a eu beaucoup !

Je viens de m’acheter le prochain billet de bus, pour Rishikesh. Je pars jeudi, et j’arriverai vendredi matin à 5h30. Je vais passer 4 nuits dans un ashram, et j’ai bien hâte de passer quelques jours à méditer et faire du yoga. Ce dernier mois à Dharamsala et aux alentours ont été dédiés 100% au corps, il est temps de revenir à l’esprit, j’en ai besoin, puis je suis physiquement bien fatiguée. Mais je ne vais pas me plaindre… j’ai passé un mois à faire ce qui me rend le plus heureuse, danser.

J’ai d’abord passé deux semaines à Kareri pour la retraite Mauna, mouvement et silence, principalement pour faire du « contact improvisation », mais aussi de la danse contemporaine, du yoga, des exercices de respiration… un programme très chargé et très complet, puis j’ai enchaîné avec un autre stage à McLeod Ganj, toujours pour le contact improvisation et enfin quelques soirées pour mettre en pratique tout ça !

Petit rappel de ce qu’est le « contact improvisation ». C’est une forme de danse, principalement en duo, qui permet d’expérimenter les lois de la gravité, du momentum et de l’équilibre. Pas de leader, pas de suiveur, les deux danseurs deviennent un seul danseur. On échange autour d’un nouveau centre de gravité, un nouvel axe, puis on plonge dans l’inconnu, dans des postures dont le corps n’a pas l’habitude, l’improvisation vient sur la manière dont la façon dont réagit à ces nouveaux mouvements et nouvelles situations. On explore notre corps en jouant avec un autre corps, il faut beaucoup d’écoute de soi et de son partenaire, c’est une infinité de possibilités et de mouvements. Le stage que j’ai fait la semaine dernière était pour apprendre à faire les portés. En contact impro, un des grands principes est le partage du poids et la recherche constante du nouveau centre de gravité qui ne cesse de changer.

La retraite Mauna a eu lieu dans un village super tranquille à 30 minutes de Dharamsala, dans les montagnes. Un havre de paix, en pleine nature, avec les Himalayas en fond de décor.

Entre les 2 stages, j’ai eu le temps de faire un trek de 2 jours pour aller au lac de Kareri., avec quelques nouveaux copains de la retraite. La veille du départ, j’ai dormi chez une dame avec ses deux filles, elles nous ont accueillis pour le diner, la nuit et le petit déjeuner, c’était super de partager ça avec elles, elles parlaient très peu anglais mais on a passé un super moment. 1300 mètres de dénivelé sur 9km, c’était une belle rando, avec de magnifiques paysages qui m’ont fait penser aux Pyrénées, mais j’étais contente d’arriver. Au coucher de soleil, on a évidemment dansé, au bord du lac, c’était vraiment magique. On a mangé tous ensemble puis dormi sur place, dans une tente, au bord du lac.

Plus de photos du village et du lac de Kareri dans la galerie ou en cliquant ICI

Je devais partir lundi dernier mais j’ai pris quelques jours de plus ici, pour profiter des environs, puis je n’avais pas assez d’énergie encore pour reprendre la route, et je suis bien contente, c’était super. Je n’ai pas fait tous les trek que je voulais, manque de temps et d’énergie mais je suis quand même allée aux cascades de Gallu, magnifique et j’ai bien profité de la vallée de Kangra.

Puis surtout, j’ai eu la chance de voir le Dalai Lama de près ! C’est certainement une des rencontres les plus improbables et marquantes de mon voyage.

Plus de photos de Dharamsala, McLeodGanj, Bhagsu et Dharamkot, dans la vallée de Kangra, dans la galerie ou en cliquant ICI

31/05/2023 – Etape 65 – Rishikesh et Etape 66 – Banbasa à la frontière entre l’Inde et le Népal

Je suis partie de Bhagsu le 25 et je me suis pris une grosse saucée le temps de trouver un resto ou attendre le bus. J’ai eu un entretien téléphonique avec mon responsable à Safran. Je sais maintenant ce qui m’attend au retour, je n’ai pas envie d’y penser mais j’aime bien savoir à quelle sauce je vais être mangée !

Le bus est parti de Dharamsala à 16h et je suis arrivée à Rishikesh le lendemain à 6h du matin. On fait beaucoup d’arrêts sur le trajet, ce qui cool pour aller aux toilettes, se défouler et manger mais du coup, ça me réveille à chaque fois que je commence à m’endormir. J’avais la meilleure place dans le bus, au premier rang, avec beaucoup de place pour les jambes, mais je n’ai pas beaucoup dormi.

A la descente du bus, je rencontré Artur, qui me propose de partager un tuk-tuk. Il est dur en affaire, il a bien négocié le tarif. Le chauffeur nous a fait le coup de la panne, cela ne l’a beaucoup inquiété, il a sorti deux outils, un fil de fer, puis le temps de réparer, on a bu un chai avec Artur, ce qui m’a permis de faire sa connaissance. En deux mots, Artur est russe, il a 53 ans, et cela fait 10 ans qu’il vit à Goa, il fabrique des instruments de musique. Par la suite, j’ai amplement fait sa connaissance, il a eu plusieurs vies en une, c’est incroyable de rencontrer ce genre de personnes avec toutes ces expériences, super intéressant et très inspirant. Il m’a rappelé à quel point tout est possible.

On descend devant mon ashram, Kriya Yoga. Il n’ouvre qu’à 9h, j’ai 3 heures à attendre avec tous mes sacs, Artur me propose d’aller attendre à son hotel. Je ne le connais que depuis 1 heure mais il m’inspire grande confiance donc j’accepte. Je pique même un somme, et à 9h30, je repars à l’ashram, je m’installe, et pique un deuxième somme. 

L’après-midi je fais un premier tour de reconnaissance en ville. Aux pieds de l’Himalaya, Rishikesh est aujourd’hui connue comme « capitale du yoga », mais aussi comme bon spot de rafting, donc si la méditation n’est pas ton fort, tu peux toujours faire un plouf dans le Gange, où l’eau est apparemment encore « assez propre ». Je suis direct allée le voir, je sens son énergie, j’adore. J’ai senti de bonnes et peace vibes dans les rues, même si les klaxons commencent tôt le matin et s’arrêtent tard le soir, c’est l’Inde, on l’oublie presque ici !

L’après-midi je fais un premier tour de reconnaissance en ville. Aux pieds de l’Himalaya, Rishikesh est aujourd’hui connue comme « capitale du yoga », mais aussi comme bon spot de rafting, donc si la méditation n’est pas ton fort, tu peux toujours faire un plouf dans le Gange, où l’eau est apparemment encore « assez propre ». Je suis direct allée le voir, je sens son énergie, j’adore. J’ai senti de bonnes et peace vibes dans les rues, même si les klaxons commencent tôt le matin et s’arrêtent tard le soir, c’est l’Inde, on l’oublie presque ici !

Par contre, il fait vraiment très chaud, et je suis super crevée, je ne traine pas trop, puis d’ailleurs à 18h20, il y a la méditation à l’ashram, je ne dois pas être en retard, surtout le premier jour.

Il y a de nombreux ashram ici (un endroit où l’on pratique du yoga, de la méditation, ou d’autres pratiques spirituelles généralement auprès d’un guru). Je suis restée 5 jours dans l’un d’entre eux, c’est reposant, sans parler du réveil à 5h30 pour aller prier et chanter les mantras dans la salle de méditation, ça a piqué le lendemain matin !

Après cette première méditation bien matinale, j’ai essayé d’aller prendre un cours de yoga, mais je suis arrivée trop tard, ils sont eux aussi bien matinaux, donc j’ai retrouvé Artur pour un café au Secret Garden, un jardin isolé très calme et très tranquille, tenu par un indien marié à une australienne.

Je préfère prévenir, ce qui suit est la narration de mon séjour à Rishiskesh décrit dans le détail, c’est un peu longuet, mais ça le méritait. J’ai vécu des moments simples mais authentiques, j’avais à coeur de bien faire ressortir ce qui m’avait émue.

Ma mission du jour était de me renseigner sur comment aller à la frontière népalaise depuis Rishikesh. Je marchais en direction du centre de Rishikesh, en train de me demander si j’allais en stop, en tuktuk, ou en taxi, je n’avais même pas eu le temps d’avoir une réponse qu’un mec en moto s’arrête et me demande « Tu as besoin d’un ride ? » « Ouais je dois aller à la station de bus de l’autre côté », « Monte je te dépose ». Voilà comment j’ai rencontré Annu. Dès les premières secondes, on commence à blaguer sur la façon dont les indiens conduisent, je lui partage ma sensation d’être dans un jeu vidéo à chaque fois que je suis en moto, ce qui le fait rire. Il est un très bon conducteur, il se faufile comme un serpent entre toutes les voitures, les tuktuk, les vaches et les passants. Et assez remarquable pour le relever, il ne klaxonne pas lui ! J’en peux plus de ces klaxons, tout le temps, pour tout, c’est très fatigant ! Je crois que c’est bien la chose que je ne supporte pas ici. Ils klaxonnent pour un oui, pour un non, pour te dire fais gaffe j’arrive, je te double, merci, attention, avance, recule, pousse toi,  ça peut vouloir dire un tas de choses. Même quand ils passent alors qu’on est dans une grande rue, mais tu as la place !! pourquoi tu klaxonnes bon sang ?

Il me dépose à la station, on fait le tour des bus et des tuktuk, jusqu’à trouver le bon guichet public au milieu de toutes les agences de voyage privées.

Cela a bien surpris Annu et Artur que je persiste à vouloir prendre les bus locaux pour rejoindre le Népal par la frontière ouest au lieu de passer par Delhi ou prendre l’avion. Je me rends compte alors que c’est vraiment l’aventure quand je vois la tête des gens avec qui je leur partage mon mode de voyage et comment je me déplace. Artur m’appelle «The wild french » (la française aventurière), j’aime bien.

Mais en effet, voyager « local » me permet de rencontrer beaucoup de gens, de discuter et vraiment mieux connaitre le pays, j’ai souvent de bonnes surprises en chemin.

Le mec du guichet me confirme qu’un bus part de Rishikesh directement à Banbasa, la ville juste avant la frontière, il part à 1h de l’après-midi, chaque jour, et met 14 heures. Ce qui me laisse comprendre que j’arriverai à la frontière vers 3h du matin, sympa… Je vais devoir attendre de nuit que les postes frontières ouvrent, le genre d’aventures de baroudeuse que j’ai vécu plusieurs fois, je me les cherche mais bon sang, à chaque fois c’est un petit stress. Ça se passe toujours bien au final, mais ouais, je comprends Annu ou Artur qui me disent que c’est original.

Bon, une fois l’info du bus en poche, Annu propose de ma ramener à Tapovan, le quartier ou il y a l’ashram, mais avant ça, j’ai droit à un tour de moto dans le centre, trop cool. On passe dans les petites rues du centre, celles où tu ne vois pas un seul touriste. Les maisons n’ont pas toutes les 4 murs ou le toit, tu peux voir les gens dans les salles de bain certains à peine couverts avec une serviette, les femmes balayent leur devant de porte, les enfants courent heureux, avec leur habits déchirés.

On s’arrête à l’entrée d’un bidonville, installé dans le lit du Gange, c’est la saison sèche, il n’y a pas d’eau en ce moment. Une mamie être en train de se changer et de se brosser les cheveux sous l’œil passif d’une chèvre, avachie à l’ombre un peu plus haut. Chaque coin de rue te réserve une surprise, c’est bouillonnant, étonnant.

Il me fait aussi visiter l’hôtel dans lequel il travaille, il fait le marketing et s’occupe des opérations en général, un mec « à tout faire ». Il y a une vue super sur le centre de Rishikesh, en contrebas de l’Himalaya, sympa l’endroit. Il roule un joint, me commande un jus de citron au bar, puis on commence à échanger sur nos vies. Il me raconte qu’il passe son temps entre Rishikesh et Goa, ou il gère un autre hôtel. Je lui raconte mon périple du sud au nord, et mes aller-retours entre l’Inde et le Népal depuis 7 mois, dont plus de 4 mois de vadrouille du sud au nord de l’Inde. Je ne suis pas allée dans beaucoup d’endroits respectivement à sa taille, mais je me rends compte à cet instant que finalement j’en ai vu du pays, j’en ai assez pour avoir une première idée.

Je me rappelle encore cette première nuit quand je suis arrivée. J’ai atterri à Chennai, et quand je suis sortie de l’aéroport, le choc. Un taxi m’attendait pour m’amener à Auroville, à 3 heures plus au sud. C’était comme dans les films.

Gros coup de cœur avec Annu, on était sur la même fréquence lui et moi, comme si c’était un vieil ami, c’est d’ailleurs ce qu’on s’est dit, qu’on s’était certainement déjà rencontrés dans une autre vie. On a beaucoup rigolé et parlé très sérieusement aussi, sous l’oreille attentive de Viki, le barman, très discret mais très intéressé par la discussion. Annu avait trouvé un équilibre dans sa vie, après avoir passé 5 années à boire et à se droguer. Une fois, de retour chez lui, sa famille l’a carrément rejeté, « qui es-tu, on te reconnait pas », ça lui a fait un déclic. Maintenant il a plusieurs affaires en route, et mène une vie qui le rend heureux. Une vie qui lui permet de prendre du temps pour lui, faire ce qui lui plait, et partager un joint avec une âme perdue qu’il a pris en stop quelques heures plus tôt.

J’irais même jusqu’à dire qu’on s’est reconnus, on fait partie de la même famille d’âme, on s’est déjà croisé dans une autre vie c’est sûr. Ces choses-là on le sent. Quand on se sent proche de quelqu’un aussi vite, et qu’on est vraiment naturel qu’il n’y a pas de gêne, qu’on a les mêmes vibrations, qu’on pense pareil et qu’on est sur le même chemin, on fait partie de la même famille d’âme. C’est dingue. On devait se revoir deux jours après mais finalement il n’a pas pu, dommage. C’était une de ses rencontres qui durent quelques heures mais qui te marquent à vie.

Je repars de son hôtel, décidée à trouver un endroit où manger et Je sors de là, avec une envie de dessert, je me dirige vers une patisserie ou je suis déjà allée la veille, reprendre le même croissant au chocolat mais mes yeux se sont posés sur une part de gâteau au chocolat et à la banane, ça aussi c’était délicieux. J’étais assise dans une petite rue très étroite, contre un arbre, les pieds se balançant au-dessus des égouts

Après cette fantastique rencontre, je suis allée en quête d’un petit resto. On venait de parler de masala dosa et idlis avec Annu, les fameux plats du sud et je suis tombée par hasard sur un resto cuisine indienne du sud, j’étais trop contente. L’écriteau disait « il n’y a pas que les dosa en Inde du Sud ». Oh j’aimerais trop en manger ! Mais ça veut dire qu’il y en a ? ou qu’il n’y en a pas ! Il n’y en avait pas, mais j’ai mangé un super plat de légumes au lait de coco avec des galettes fondantes et croustillantes à la fois, délicieux.

Avant de revenir à l’ashram pour la méditation du soir, je me suis arrêtée prendre un dessert dans une boulangerie. Assise par terre, les pieds aux dessus des égouts, je déguste un bon gâteau au chocolat et à la banane. La journée que j’étais en train de passer était délicieuse aussi. J’ai rencontré deux indiens de Delhi, qui étaient là pour le we, j’ai passé 1 heure avec eux à papoter. Voyager seule c’est vraiment le bon moyen de rencontrer des gens.

Dimanche matin, après la méditation, j’ai pris le petit déjeuner puis j’ai filé direct au studio de yoga. Ce matin ils ont servi des idlis ! Franchement si ce n’est pas un clin d’œil de l’univers ça… depuis qu’on en avait parlé la veille avec Annu, j’en salivais, merci !

Le cours de yoga a duré plus de deux heures, j’ai adoré comment s’est déroulée la session, c’était très inspirant. Après le déjeuner à l’ashram, j’ai retrouvé Artur de l’autre côté du Gange. Le pont étant en travaux, il y a une navette fluviale qui fait les allers-retours. On s’est trouvé un coin tranquille à l’ombre sur les ghats (les marches qui plongent dans le Gange), on y est resté un moment, j’avais du mal à croire que j’étais là, au bord du Gange à Rishikesh… j’étais vraiment dans l’instant présent. Artur me dit « On se baigne ? », après quelques secondes d’hésitation, je lui réponds « Allez pourquoi pas ! » Je saute habillée. Je ne suis pas restée longtemps, j’entendais déjà les voix de ma mère et de ma grand-mère me rouspéter… mais franchement, je ne pouvais pas passer à côté, l’occasion était trop belle.

Annu m’avait dit la veille que Mère Gange était la seule déesse que tu pouvais toucher, qu’elle nettoyait ton âme et ton mauvais karma, ça m’a marqué. Après ce bain, on a séché au soleil, et on a discuté avec un groupe de jeunes indiens, encore un très bon moment.

En fin d’aprèm, on est allé à Parmath Niketan ashram, plus au sud, au bord du Gange aussi. En chemin, on est passé par la « plage du Gange », bu un chai, gouté aux patates frites, rencontré un sick… c’était vraiment animé. Tous les jours se déroule une cérémonie, qui attire des centaines de personnes. Mantras, chants, discours des gurus de l’ashram, offrandes au Gange, tellement dépaysant…  

Le dernier jour, après être allée de nouveau au yoga, je suis repartie voir le Gange une dernière fois, puis je me suis reposée, un long trajet de 1030 km m’attendait le lendemain. Mardi 30, j’ai bu un dernier jus à la mangue avec Artur au coin de la rue, un énorme jus pour 50 centimes, c’était devenu un rituel.

Je vais à la station de bus et je comprends qu’en fait il n’y a pas de bus pour la frontière, j’avais eu de mauvaises infos, il fallait aller à Haridwar, une ville à 2 heures de bus environ. Pas de problème, un bus part 2 minutes après, la chance, encore une fois. Une fois à Haridwar, je demande à quelle heure part le bus pour Banbasa, à la frontière. Le mec du guichet me dit un truc en hindi, j’ai rien compris bien sûr, il sort de son guichet, je comprends qu’il faut que je le suive. Il me fait asseoir sur un banc et il part. Je reste bête, je ne sais pas quoi faire. Au bout de quelques minutes je repars le voir « What time the bus ? » en lui montrant mon poignée pour qu’il comprenne que j’aimerais savoir s’il y a un bus…. Un jeune fort sympathique qui voit que je galérais a pris le relais et m’a expliqué qu’il viendrait me chercher quand le bus partirait dans 4 heures environ… on ne sait pas quand exactement. Je devais rester sagement sur mon banc. Très bien, je peux faire ça.

Les stations de bus et de train sont un vrai spectacle en Inde, c’est le vrai bordel. Il y a beaucoup de monde, tout le temps. Tout le monde s’entasse sur les bancs, certains sont allongés par terre sur un grand paréo, des vendeurs passent toutes les 5 minutes. J’ai même eu des propositions pour des fermetures éclair et un nettoyage des oreilles, courant ici. Les mecs passent partout en ville, avec des petites mallettes, et avec des tiges en métal, ils nettoient les oreilles, d’ailleurs il y en avait un juste derrière moi en train de se les faire nettoyer, j’étais juste au-dessus, c’est à moitié drôle et à moitié écœurant, ouais parce qu’ils ne doivent pas le faire tous les jours. Ce qui était vraiment écœurant c’était ceux qui venaient cracher dans la poubelle, juste à côté de moi, ça m’a soulevé l’estomac plusieurs fois, mais c’est quand même mieux que de faire ça part terre, donc bon…

Le mec du guichet a tenu parole, 2 heures plus tard, il est venu me voir et m’a amené au bus. On part plus tôt que prévu, j’avais une place de reine, premier rang juste à côté du chauffeur, j’avais beaucoup de place. On a fait plusieurs arrêts dont un ou j’ai mangé des genres de croque-monsieur à la locale. J’étais la seule touriste au milieu de tous les indiens, j’ai dû serrer la main des vendeurs, ils étaient trop contents, et moi aussi. C’est pour ce genre de moments que je voyage. On  pas échangé grand-chose à part des sourires et de la rigolade, c’est déjà beaucoup.

Je suis arrivée à la frontière vers 23h, j’ai dégoté un hôtel… de frontière… mais quand on vise pas cher, beh on ne peut pas s’attendre à grand-chose. J’étais déjà super contente de dormir dans un lit, je pensais que j’allais arriver bien plus tard et finir la nuit au poste de frontière dehors. Le jeune réceptionniste me demande s’il peut venir discuter avec moi dans la chambre maintenant ou le lendemain matin avant que je parte. Non vraiment là, c’est non. J’hallucine…

Voilà, l’inde c’est ça, c’est tout ça, et j’ai rien vu encore. L’inde c’est à prendre ou à laisser…

Je pense au slogan de l’inde « Incredible India ». Ils n’auraient pas pu choisir meilleur slogan pour décrire ce pays. Je n’ai pas compté le nombre de fois où je me le suis dit que c’était incroyable.

Ce matin j’ai passé la frontière, je suis coté népalais, dans un petit café de bord de route, je passe un bon moment avec mon ordi et un bon chai, à me remémorer ces dernières semaines en Inde. J’aurais passé 5 semaines en Inde du nord, dans les états de Uttarakhand (Haridwar et Rishikesh) et dans les montagnes de Himachal Pradesh (Dharamsala, Mcleod Ganj, Bhagsu, Kareri). J’y ai fait tout ce que j’aime le plus, de la dance, du yoga, de la méditation, des trek…  J’ai rencontré des personnes fantastiques, avec qui je me suis sentie en famille, comme « à la maison », et qui m’ont ouvert encore un peu plus l’horizon des possibles.

J’ai mon billet retour le 26 juin depuis Katmandou. C’est le Népal que j’ai choisi pour passer ces derniers jours et redescendre gentiment de mon nuage avant de rentrer. Je vais encore pleinement en profiter, continuer d’explorer, d’apprendre et de découvrir mais je vais aussi prendre du temps pour moi pour me reposer, intégrer tout ce que je viens de vivre, parce qu’il y a eu beaucoup !

Tellement reconnaissante…

Cet article a 6 commentaires

  1. Phil

    Top de top, et le Dalaï Lama en apothéose…

  2. Passionnant ma Bichette ! Mais non, je ne vais pas te rouspéter…..en revanche ne recommence pas !!!!

  3. Phil

    Bon courage Laura pour ta rentrée, si tu rentres, à moins que tu te reconvertisses … Bises

    1. Laura

      Coucou! Merci Captain 🙂 Je suis arrivée hier à Paris, et je descends demain à Bayonne. Quelques projets sont en cours pour la suite… Nous aurons l’occasion d’en parler j’espère !

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