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SI J’AI LE MAL DE MER ? JE SAIS PAS !

Afin d’élucider la question, à savoir si j’ai le mal de mer, je reprends mes recherches et après quelques échanges de mail et coups de téléphone, c’est au port de Marans que j’ai rendez-vous le 12 décembre, avec Frédéric, sur un voilier de 10 mètres environ, un Jojo Special, qu’il surnomme affectueusement son « affreux Jojo ». Une fois les présentations faites, il me dit amusé « Il faut être fou pour vouloir naviguer en plein mois de décembre sur la côte Atlantique ! », je devais l’être un peu finalement, et ça m’allait comme ça.

Frédéric, marin et ancien moniteur de voile, avait envie d’aller naviguer cette fin d’année, pour se changer les idées et m’avait proposé d’aller avec lui pour faire un « mini stage » et m’enseigner les basiques. Je le remercie encore pour sa patience et ses enseignements.

Une journée a été nécessaire pour faire quelques courses et préparer le bateau. Pour passer la soirée, j’ai droit à un cours accéléré sur les noms des différentes parties du bateau, les différents cordages, les calculs de marée, comment naviguer et comment faire les principaux nœuds. J’adore.

Le lendemain, depuis le port de Marans, nous remontons la Sèvre Niortaise puis passons les écluses du Brault. Pas un souffle d’air, le brouillard était épais, les bouées du chenal à peine distinguables. Les bateaux de pêcheurs sont amarrés, tout le long du chenal, ils semblent abandonnés, à la merci des marées.

La pointe de l’Aiguillon nous annonce la fin du chenal, pas plus de vent à l’embouchure, le moteur a été nécessaire jusqu’à l’île de Ré. Une brise terrestre de fin de journée chasse le brouillard, permettant ainsi de découvrir l’île de son manteau gris et cotonneux et d’assister à un coucher de soleil, une palette de couleur rose, orange et jaune jetée dans le ciel. 

Au large de la ville de La flotte, sur la côte est de l’île, nous nous amarrons à un corps mort (bouée flottante) au mouillage. La mer jusque-là assimilable à un lac, s’est réveillée avec le vent, les clapots s’intensifient, et viennent percuter le bateau. Les lumières de la ville et les repères de l’horizon à travers les hublots suffisent à mon oreille interne pour accrocher mon ventre aux parois, ça tient bon ! Bien calée, je prépare le diner. 

Je ne m’en étais pas rendue compte, d’être en mouvement me permettait de contrebalancer les mouvements du bateau, mais entretemps, le brouillard est revenu et a couvert de nouveau l’île d’une épaisse couverture, comme pour la border et lui dire bonne nuit. Plus de repères, plus d’horizon, dans les hublots je ne distingue plus de lumières extérieures, c’est le noir complet. Le chauffage au gasoil embaume un peu l’habitacle, je sors prendre l’air de temps en temps, je distingue à peine la poupe. Mon oreille interne s’affole, laisse tomber mon ventre, il n’y a plus de connexion entre le haut et le bas, j’ai bel et bien le mal de mer. 

Musique dans les oreilles, quelques exercices de respiration, méditation, je réussis à rattraper mon intérieur qui avait fait déjà quelques tours sur lui-même. Je me couche, bien emmitouflée. Toujours la musique dans les oreilles, je change de technique pour m’endormir, au lieu de lutter, j’essaye de sentir chaque mouvement du bateau, de faire corps avec lui. Bercée, je ne tarde pas à m’endormir.

La nuit a été agitée, le vent ne nous a pas laissé de répit, si bien que Frédéric a dû se lever dans la nuit changer une amarre qui avait cédé. 

Au petit matin, je suis comme une fleur ! Youpi. Le soleil pointe le bout de son nez, nous ne tardons pas, nous hissons les voiles et mettons le cap sur La Rochelle. Le brouillard qui a décidé de faire la grasse matinée se dissipe peu à peu. Le pont en vue, mon cœur trépigne, mes premières sensations de glisse me resteront gravées pour toujours, exactement de la même manière que la première fois où je suis partie seule en avion. Des papillons dans le ventre, je m’envole avec eux.

 

17 décembre, après deux nuits au port de La Rochelle, nous faisons chemin retour vers Marans, journée longue et intense de voile. Le vent s’intensifie au fur et à mesure de la journée et fait de plus en plus giter le bateau, je tiens fermement la barre, les pieds calés sur le banc en face de moi et tire les bords avec le skipper. Il était temps de mettre en pratique les cours du soir.

Il ne s’agissait plus de papillons à ce stade, j’étais comme un puffin, au ras des flots à épouser la forme de la houle. Mélange d’excitation et d’appréhension, je vis une journée d’anniversaire dans un autre espace temps.

 

Au retour, j’appelle Philippe à Hendaye, fière de lui dire que c’est bon, je suis amarinée et prête à partir avec lui et Aurélie.

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La publication a un commentaire

  1. Aline Lujan

    Quelle belle histoire……Merci !!!!!
    M.

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