Journal de bord de 14 jours de trek. Il est très personnel, je raconte ce que nous avons fait, notre progression, mon état d’esprit et comment j’ai vécu ce trek, ne vous attendez pas à un article avec les détails techniques ou un article touristique ! Il est assez long, mais j’avais à coeur de garder tout ça en mémoire. J’ai rajouté quelques photos à peine. Pour les voir toutes, aller dans la galerie ou cliquer ICI.
14/03/2023 – Day 1 – Pokhara – Besisahar 820m – Chame 2710m
14.6 km – Dénivelé + 700m Dénivelé – 150m
5 heures du matin, le réveil sonne. Après plusieurs jours de préparation, nous y sommes enfin. Les sacs sont prêts et bouclés, j’enfile le seul legging que j’ai pris et que je porterai 14 jours. Chaque gramme compte cette fois, va falloir se trimballer ça sur le dos.
Hier on a fait les derniers achats, barres de céréales, graines, chocolat noir (le magnésium est bon contre le mal d’altitude), et une nouvelle paire de chaussures ! En voyant ma paire actuelle, Karl m’a mise en garde… en haut, on marche dans la neige et avoir les pieds mouillés ce n’est pas cool. Franchement j’ai eu du mal à me séparer d’elles, je les ai depuis une dizaine d’années, j’ai parcouru l’Amérique Centrale l’année dernière, je les avais fait recoudre au Guatemala à la finca maya après mon trek dans la jungle, j’y tenais sentimentalement, mais là, c’était trop limite… donc achat de dernière minute, en 5 minutes top chrono… après tout c’est pas comme si c’était important des chaussures de marche… j’espère qu’elles seront à la hauteur ! J’ai filé l’ancienne paire au loueur de barques sur le lac de Pokhara, il était super content, et moi aussi, elles auront une 15ème vie !
La station de bus est à 15 minutes de l’hôtel. On a le temps de prendre un cake à la banane et un bon chaï, le bus part à 6h30. 6 heures de bus avant d’arriver à Besisahar. Plus de tickets vendus que de sièges, certains sont assis par terre dans le couloir, classique ici. Moi je peux étendre mes jambes, c’est le principal.
Nous sommes tous bien excités de l’aventure qui nous attend. Adélaïde me dit avec un grand sourire « On part faire un des plus beaux treks du monde », je réalise à peine ce qui m’attend.
La passe est à 5400 mètres d’altitude, le mal de l’altitude guette tous les randonneurs, j’espère qu’il ne m’attrapera pas. Pour l’éviter, on a prévu dans le parcours des jours d’acclimatation dans les villages et de ne pas faire plus de 500 mètres de dénivelé par jour. Aussi, on a de l’ail, remède de la maman de Pranika, une copine népalaise de l’école de yoga. On doit manger un ail cru tous les matins et dès que les symptômes apparaissent.
Ça va cailler, ça va grimper, on va manquer d’air, on va puer… mais on va kiffer les Annapurnas. J’y pensais dans mon salon il y a 2 ans. J’y suis. Ce trek était le dernier rêve que je voulais accomplir avant de rentrer.
J’avais pensé le faire seule, mais finalement je suis avec 5 copains de mon groupe de yoga, et je dois dire que je suis ravie de partir avec eux. Ce groupe est tout à fait inattendu et improvisé mais bien complémentaire je pense.
Karl et Mélissa nous avait dit un midi à l’académie de yoga « Après la formation on part directement faire le trek des Annapurnas, si certains sont motivés pour le faire avec nous, vous êtes les bienvenus ». Le soir même j’avais déjà décidé d’aller avec eux. Alicia et Isabell ont confirmé quelques jours après. Adélaïde, qui était alors en retraite de yoga à l’académie pendant 1 semaine, se joint à nous aussi.
Karl avait déjà bien planché sur le parcours et lu plusieurs blogs, il nous a bien briefés. Sandeep, un ami népalais de l’académie, qui connaît bien ce trek nous a aussi aiguillés.
Nous avons pris un bus de nuit de Katmandou à Pokhara tous ensemble il y a 3 jours. On a eu le temps de faire nos achats pour le trek. J’ai dû m’équiper de A à Z. Pantalon, sous couche technique, gants, crampons, bâtons, poncho, location d’un sac de couchage pour des nuits à -20°C et d’une grosse doudoune. On a aussi bien profité des restos, surtout du Vegan Way au bord du lac. Mélissa en avait souvent parlé pendant la retraite, je comprends pourquoi, trop bon endroit peace et les plats étaient succulents. Nous y sommes venus plusieurs fois pour chiller. Sandeep nous a rejoints il y a 2 jours nous faire un coucou avant notre départ.
Hier il pleuvait, on était bien affalés dans les coussins à regarder la pluie tomber. Karl a ouvert sa carte et a revu le parcours avec Sandeep. L’excitation ne faisait que monter, mais on a commencé à réaliser que c’était quand même un gros trek, pas juste la Rhune du dimanche. Le trek contourne la chaîne des Annapurnas, dont Annapurna I, un des plus hauts sommets du monde. Il est aussi possible de faire le trek jusqu’au camp de base de l’Annapurna, ça sera pour une prochaine fois peut être !
Nous sommes arrivés à Besisahar un peu avant 13h00, c’est passé vite même en comptant les pauses pour attendre que le moteur refroidisse. Nous mangeons un bon plat de pâtes et décidons d’aller à Chame ce même jour, plutôt que d’y aller le lendemain, on avait le temps puis ça nous laissait une journée de rabe pour s’acclimater ou se reposer plus tard pendant le trek. Certains démarrent le trek à Besisahar et marchent jusqu’à Chame. Nous n’avions pas très envie de marcher sur cette route, très empruntée par les jeeps, puis le temps n’était pas terrible.
On réserve une jeep, puis on remet en route vers 14h00. C’est l’aventure cette route, le chauffeur a assuré. Ça fait 4 ans qu’il fait ce trajet, il connaît bien la route. Certains passages sont juste au-dessus du ravin, c’est principalement du gravât, c’est assez impressionnant mais la vue est belle. C’est une succession de cascades, de petits ponts. L’eau de la rivière a une magnifique couleur. Trois contrôles de police pour vérifier nos permis, nous les avions faits 2 jours plus tôt à Pokhara.
On arrive de nuit, sous la pluie. Mon sac qui était sur le toit est trempé. Il y avait pourtant une bâche mais elle n’a pas servi à grand-chose. Heureusement mes affaires sont quasi sèches, dont mon unique jogging pour le soir. Elles finiront de sécher près du poêle dans la salle principale. La chambre dans l’hôtel coûte 500 roupies pour 3, elle est ultra minimaliste, 3 lits, c’est tout. Le riz aux légumes était succulent.
Mélissa arrive dans notre chambre juste avant de se coucher « je vais vérifier votre pouls et saturation », en effet nous étions déjà arrivés à 2710 mètres en une journée. Pouls 60, saturation 95. C’est OK pour moi. Il faut que nous vérifiions régulièrement à partir de ce soir. Mélissa est infirmière et Isabell est docteur, je suis bien entourée !
21h00 Je déroule mon sac de couchage, je rajoute la lourde couette par-dessus, je pense que je vais bien dormir, je suis crevée !
15/03/2023 – Day 2 – Chame 2710m – Lower Pisang 3250m
Réveil à 6h du matin. On prend un bon petit-déjeuner sans oublier notre ail cru, va falloir s’y habituer.
Premier matin, il faut se rôder, on réussit à partir enfin à 7h45. Les premiers mètres sont déjà époustouflants, la vue est magnifique, les montagnes sont hautes ! Il a neigé pendant la nuit, tout est blanc, le soleil est là, les conditions sont parfaites.
Un premier bout de 2 heures jusqu’à Bhratang avant de faire une pause au soleil puis 2 heures de plus pour arriver à Dhukur Pokhari. Après une courte hésitation pour le déjeuner, on décide de continuer jusqu’à Lower Pisang et de manger là-bas. Sandeep nous a conseillé d’aller à l’hôtel Bob Marley. On y arrive à 14h, il est situé juste à côté d’un temple bouddhiste, je vais y méditer au soleil, c’est super agréable.
Un petit tour dans le petit village avec Ramesh, un guide népalais qui était à l’hôtel, puis je vais m’installer dans la chambre. Mélissa est déjà là en train de nous reprendre les paramètres.
Pouls 80, Saturation 95. Tout va bien !
On passe une soirée super sympa autour du poêle avec la musique. Le responsable nous offre le thé. Le dhalbat (riz aux légumes, plat typique du Népal) est super bon, on se ressert, je pars au lit le ventre bien plein.
16/03/2023 – Day 3 – Lower Pisang 3250m – Manang 3450m
16 km – 5h
Cette nuit j’ai eu un peu de tachycardie et mon souffle s’est accéléré, ça m’a fait un peu flipper mais apparemment c’est normal, Mélissa et Isabell aussi ont eu ça cette nuit. Un petit déjeuner copieux en ce qui me concerne, une photo avec le gérant et sa femme qui ont été adorables puis nous avons commencé à marcher à 8h pétantes, aujourd’hui nous étions mieux rodés. Bouteille d’eau à portée de main, lunettes déjà prêtes sur le nez, bâtons déjà sortis et à la bonne taille, manteau prêt à être enlevé, et barre de céréales pas trop loin. On passe la première barre des 3000 mètres !
J’aperçois la piste d’atterrissage de Manang au fond de la vallée. Le paysage est une nouvelle fois magnifique. Je ne connais pas le Canada mais ces grandes vallées arides, bien boisées, avec des sapins m’y font penser.
Une première pause à Humde, toujours sous le soleil après 2h30 de marche, on se fait contrôler les papiers au niveau de l’aéroport puis on repart jusqu’à Braka, ou l’on fait une pause déjeuner. On pensait mettre autant de temps mais on a mis moins de 2 heures. Moi je n’ai pas faim, j’ai beaucoup mangé au petit dej, j’ai encore les pancake sur l’estomac. Mélissa nous reprend la saturation, elle a un peu baissé je suis à 89, mon pouls toujours bas à 70.
A peine 30 minutes de marche de plus et on arrive à Manang. J’avais souvent entendu parler de ce village, ce nom me faisait rêver. C’est le dernier village atteignable en jeep. On passe l’arche à l’entrée du village, on est heureux ! La vue sur la vallée est splendide, avec la rivière qui coule au milieu, elle a une couleur verte incroyable. Les premières montagnes sont déjà hautes, oranges et marrons, très rocailleuses, les montagnes en deuxième plan sont encore plus hautes et blanches. Cet après-midi on a vu l’Annapurna II, waow. Nous avons aussi eu la chance de marcher quelques dizaines de mètres avec un troupeau de Yak, les 2 gardiens qui les menaient avaient du boulot, ils n’étaient pas très obéissants.
On décide de rester à Hôtel Royal, la chambre est gratuite à condition de dîner et petit déjeuner là, c’est souvent ce que les hôtels proposent. Ce soir, j’ai choisi le dîner le plus réconfortant qui soit, des pâtes à la sauce tomate et fromage râpé, avec en prime des champignons pour 7€. A cette altitude, et ce froid, mon plat préféré n’a pas de prix.
Dehors il neige, le poêle est allumé, en attendant d’être servis on s’est fait un petit apéro (thé citron gingembre miel) en jouant aux cartes. Cette fois moi j’ai pris un cidre, j’avais envie de fêter notre arrivée à Manang.
Je me sens bien, je ne ressens pas encore les effets de l’altitude. On va rester 2 nuits ici pour s’acclimater et demain on prévoit de faire une ascension jusqu’à 4000 mètres, et de redescendre dans la même journée, un aller-retour pour voir un temple. Sans les sacs cette fois, ça va être génial. Pour l’instant ce n’est ni le dénivelé ni le manque d’oxygène le plus pénible, c’est le sac !
17/03/2023 – Day 4 – Manang 3450m – Jour d’acclimatation
4,2 km – 2h20 – Dénivelé + 506m
Nous avons pu bien dormir ce matin, prendre tranquillement notre petit-déjeuner puis nous sommes montés au temple Praken Gumpa. C’était un bon entraînement pour la suite, l’ascension était raide, j’étais contente de ne pas avoir le sac puis la vue depuis tout en haut était une belle récompense. Un dernier effort jusqu’au drapeau à 4000 mètres. On reste là un bon moment, nous sommes les 5 scotchés devant la vallée, l’Annapurna II et l’Annapurna III juste devant nous, super impressionnant et émouvant.
Au retour, je suis allée m’acheter une chocolatine, elle était énorme et délicieuse. Au soleil c’était vraiment top. Un petit plaisir qui à cet endroit, à ce moment devient une grande joie. L’après-midi était tranquille à l’hôtel, j’étais partie pour aller voir le lac Gangapurna à 30 minutes à pied mais après quelques pas, mon corps m’a envoyé quelques signaux de fatigue, demi-tour illico presto, j’ai pas insisté. De plus, le lac est archi sec, on l’a bien vu depuis le temple. Nous avons mangé tôt, passé la soirée autour du poêle puis nous sommes allés au lit tôt de nouveau. 20h30 extinction des feux.
18/03/2023 – Day 5 – Manang 3450m – Shreekharka 4080m
10,3km – 4h15 –Dénivelé + 578m Dénivelé – 180m
J’ai très bien dormi, il a fait moins froid que la nuit dernière. Ce matin, l’eau coule dans les robinets, la nuit dernière il avait neigé toute la nuit et l’eau dans les tuyaux était glacée. J’ai pris un bon petit-déjeuner, un énorme bol de porridge avec le reste de la choco. Après quelques échauffements et un nouveau contrôle des permis, nous sommes partis à 8h00.
Aujourd’hui ça grimpait un peu plus que les jours précédents, on a fait 2 heures de marche avant d’arriver au premier village Khangsar, puis 2h15 de plus pour arriver à Shreekharka. On passe la barre des 4000 mètres ! Le paysage est toujours magnifique. On a commencé à marcher dans la neige.
On s’est arrêtés faire une pause avec un thé et un snack dans le village de Shreekharka. Nous avons repris la marche, et après 30 minutes, on a croisé un randonneur qui revenait du camp de base de Tilicho, notre prochaine étape théorique, qui nous a dit qu’il neigeait et que le chemin était étroit, que ça glissait. Un peu plus tôt, une allemande nous a dit que c’était « challenging ». A cela s’ajoutaient un mal de tête pour l’une, des maux d’estomac pour l’autre, et une fatigue générale, moi je commençais à avoir une légère douleur au TFL de mon genou, je la redoutais celle-là. Après concertation, on a décidé de faire demi-tour, dormir à Shreekharka, et repartir le lendemain avec un sac moins lourd. Le camp de base du lac de Tilicho est un aller-retour, nous pouvions récupérer nos affaires au retour.
Ce même matin, au départ de Manang, j’avais eu un pressentiment, je ne le sentais pas, je ne sais pas pourquoi je savais qu’on allait dormir dans ce village, ça a pesé dans ma décision de rester là. Après tout, nous n’étions pas pressés.
Il est 14h, je m’assois dans la salle commune de l’hôtel dans lequel nous venions de boire le thé, Hotel New Himalayan. La vue est chouette sur la vallée. Karl et Mélissa sont allés acheter un paquet de cartes et des chips, repos !
19/03/2023 – Day 6 – Shreekharka 4080m – Tilicho Base Camp 4765m
5.68km – 2h45 – Dénivelé + 232m Dénivelé – 276m
Je n’ai pas très bien dormi, je me suis réveillée de nombreuses fois, et j’ai eu des bouffées de chaleur. J’ai aussi eu beaucoup de mal à m’endormir mais bon j’étais quand même en grande forme ce matin.
On a commencé à marcher à 8h, on partait pour une petite journée, juste 3 heures de marche jusqu’au Tilicho Base Camp, ce qu’on n’a pas fait la veille.
J’étais contente de faire cette portion le matin sous le soleil et en forme. C’était extraordinaire et magnifique, la vue était à couper le souffle. On nous avait prévenus que c’était une portion un peu difficile mais en effet, le sentier était très étroit, plein de cailloux, et le ravin était juste à côté. Fallait vraiment se concentrer et être très attentif ou on mettait les pieds et aussi aux éventuelles chutes de pierre.
Nous nous installons à l’hôtel, lui aussi offrant une chambre gratuite à condition de prendre deux repas.
Les chambres et la salle commune ont une vue magnifique. Une table nous attendait dehors au soleil, j’ai repris un énorme plat de pâtes à la sauce tomate, le kiff. Après manger, je suis allée méditer devant le Gangapurna peak, je suis super reconnaissante de la chance que j’ai d’être là, c’est extraordinaire, j’ai de la peine à réaliser que je ne suis pas en train de rêver.
On a chillé toute l’après-midi sur les banquettes de l’hôtel et l’hôtel d’en face très cosy et qui avait la wifi, pour donner rapidement quelques nouvelles à la famille et aux copines. A cause de la neige on n’avait pas de wifi depuis notre arrivée à Manang, mais c’est très bien comme ça.
Dans l’après-midi j’ai commencé à ressentir les premiers symptômes de l’altitude, j’ai eu des maux de tête, et une légère nausée. J’ai de suite pris un doliprane, et en fin d’après-midi j’ai mangé un curry de patate avec du riz qui m’a fait beaucoup de bien, en fait je n’avais pas bu assez dans la journée.
On a joué aux cartes et discuté avec les autres randonneurs autour du poêle, c’était une bonne soirée. On a rencontré Louisa, une allemande de 31 ans qui randonne toute seule, elle fera le lac avec nous demain. Je me suis couchée à 20h, il faisait super froid punaise.
20/03/2023 – Day 7 – Tilicho Lake 4919m
J’ai mal dormi, j’ai mis une plombe à m’endormir en boule dans mon sac sous la couette, je me suis réveillée plein de fois dans la nuit et j’ai fait des cauchemars. Le réveil à 5h était un peu dur, se déshabiller pour mettre la tenue de marche, c’est toujours une épreuve ! A 5h45, les frontales sur la tête, on a commencé à marcher en direction du lac.
On a eu la chance d’être à un point de vue pour admirer le lever de soleil, le premier que je voyais dans l’Himalaya, c’était magnifique. Presque 900 mètres de dénivelé pour arriver au lac, une longue ascension nous attendait ! Pas après pas, tout doucement, pour aussi éviter le mal de l’altitude, on monte gentiment. La montée est raide aujourd’hui, mais je suis en pleine forme, on n’a pas les sacs en plus. Sur cette partie aussi, le sentier était très étroit.
Soudain, on entend un énorme bruit, on assiste à une avalanche sur la montagne d’en face, c’est impressionnant. On se sent vraiment tout petit. On a attaqué un sacré zigzag, une fois en haut, on avait fini le plus dur et la neige nous attendait. On était sur un plateau au milieu des montagnes, et on avait encore 4 km à faire avant de voir le fameux lac. On enfile les crampons, et c’est parti, on suit le mini chemin, tout autour la neige est vierge. Pas question de marcher hors du petit sentier, on s’enfonce et on ne sait pas vraiment où on met les pieds !
Enfin on arrive au lac, c’est le lac le plus haut au monde, je suis vraiment impressionnée, mais il est gelé et sous la neige, on voit pas vraiment que c’est un lac, on voit juste une grande superficie plate. J’ai pas trop le temps d’en profiter, on aperçoit au loin des nuages bien gris monter et se déplacer à toute vitesse dans notre direction, quelques flocons de neige commencent à tomber, on ne reste pas là longtemps, on fait demi-tour après 5 minutes. On aura mis 4h pour monter, et 2h pour descendre. Juste quand on revient à l’hôtel, il se met à neiger. Ouf ! On est arrivés juste à temps.
On déjeune, puis on discute pour savoir si on reste là où si on reprend la route jusqu’à Shreekharka sous la neige, sachant que cette partie est « challenging ». Certains d’entre nous ont des maux de tête, et le vent s’est levé, finalement on reste au Base Camp, c’est plus sage. On fera une double étape demain.
Il est 14h00, il fait super froid. Ils allument le poêle qu’à 17h00… On empile les couches, on prend la couette de la chambre, puis chacun s’occupe comme il peut. Moi je me fais un documentaire sur netflix « Kiss the ground, l’agriculture régénératrice », c’était super intéressant. On joue aux cartes, et on discute avec les autres randonneurs dont Jeremia un allemand qui voyage depuis 4 ans.
J’ai mangé un énorme dhal bat, je me suis resservie 2 fois, c’était excellent mais j’aurais pas dû manger autant, parce que j’ai mal dormi du coup… On a passé une soirée très sympa autour du poêle à tchatcher et refaire le monde. Je ne connaissais pas la vie à la montagne, avec ce froid. J’admire les népalais qui vivent toute l’année avec ce froid. Ce n’est pas simple. Même aller aux toilettes est un challenge, et prendre une douche n’en parlons pas, d’ailleurs j’en ai pas pris depuis Manang, va falloir que je me reprenne en main !
21/03/2023 – Day 8 – Tilicho Base Camp – Yak Kharka 4018m
16,85 km – 7h30 – Dénivelé + 878m Dénivelé – 868m
J’ai encore très mal dormi. J’ai eu trop chaud, un comble ! J’avais pris une couette en plus, c’était une mauvaise idée… puis j’avais beaucoup trop mangé. ll a neigé toute la nuit. Ce matin, tout est blanc, c’est magnifique. Il neige encore, mais il faut quand même y aller ! On n’a pas envie de rester une journée de plus au Base Camp. On s’équipe à fond, sous couche, couche, sur couche, bonnet, sous gants, gants, poncho, crampons, guêtres (moi j’en ai pas).
7h15, Karl ouvre le bal, je ferme la marche. Louisa reste avec nous, on part tous les 7. On ne voit pas beaucoup les sentiers, on marche doucement et on essaye de rester groupés. Après quelques minutes on a tous super chaud, on était trop couverts. On fait vite une première pause pour enlever une couche. On refait en sens inverse le chemin qu’on avait pris 2 jours plus tôt pour repartir vers Shreekharka, ça grimpe assez, j’avais oublié qu’on avait tant descendu à l’aller. On ne s’arrête presque pas, on avait bien profité à l’aller sous le soleil et pris le temps de faire des photos, cette fois on ne traîne pas, il neige et on doit faire une double étape pour aller jusqu’à Yak Kharka.
Après 3h10 de marche on arrive à Shreekharka, on récupère les affaires qu’on avait laissées à l’aller, ce qui nous avait permis d’alléger nos sacs. On déjeune, encore un gros bon plat de pâtes à la sauce tomate et on repart direction Shreekharka, toujours dans le même attirail.
Cette fois le chemin change, on marche sur un tout petit sentier au milieu des sapins. On fait une première pause à Upper Khangsar, un village abandonné, en haut d’un col, pour enlever une couche. On arrive de l’autre côté de la montagne, il neige encore, le paysage est noir et blanc, le vent est froid mais c’est très beau. Ça continue de monter gentiment. Yak Kharka est en bas de la vallée, on commence alors la descente, le chemin est en grande partie recouvert de neige, ça glisse. Adélaïde me dit, j’aimerais avoir une luge, ça me donne une idée, je m’assois sur mon poncho et hop je glisse sur les fesses, c’est plus simple ! Je fais attention, la descente est très raide et j’ai peur pour mes genoux, heureusement les bâtons ça aide, c’est la première fois que j’en utilise, c’est super.
On arrive enfin en bas de la vallée, on fait une nouvelle pause, cette descente nous a tous cannés. J’ai un petit coup de mou, mais bizarrement, il s’en va vite, et je retrouve ma forme en montant. Je chante je parle, j’ai une nouvelle énergie qui sort de je ne sais pas où. Je suis très agréablement surprise de la forme que j’ai, même hier pour aller au lac, j’ai bien gazé.
A 16h15, après 4h45 de marche (soit presque 8h dans la journée!) on arrive à Yak Kharka, on va au premier hôtel qu’on trouve, le Gangapurna. Il est top ! Chambre gratuite, une salle commune chauffée et cosy, plusieurs randonneurs sont déjà là en train de parler, jouer aux cartes, boire le thé.
Je prends une douche chaude (le luxe, puis il était temps…) et je me joins à eux sur la banquette. Repos bien mérité. Nous sommes tous crevés, on décide de prendre une journée off le lendemain.
Dans le salon, ça parle météo et rando. On apprend que la fenêtre météo pour la passe est jeudi, 2 jours plus tard, alors qu’on avait prévu de monter à Thorung Phedi jeudi et faire la passe vendredi. Je comprends alors que le day off va nous passer sous le nez, ça nous fout à tous un petit coup, mais une bonne météo c’est quand même plus important, puis jusqu’à Phedi, c’est une « petite » rando de 3h et « que » 400 mètres. On se reposera demain aprèm avant le grand jour.
22/03/2023 – Day 9 – Yak Kharka – Thorung Phedi, camp de base avant la passe de Thorong-La 4450m
6,93km – 2h54 – Dénivelé + 512m – Dénivelé – 96m
J’ai un peu mieux dormi, je n’ose pas sortir de mon sac, je parle avec Mélissa qui dormait dans le lit d’à côté, de la buée sort de notre bouche. Il fait froid !
C’était annoncé mais c’était vrai, j’ai passé la tête derrière le rideau depuis le lit, ce matin le ciel était bleu bleu bleu, pas un seul nuage à l’horizon, difficile à croire après la météo de la veille, on a marché toute la journée sous la neige. Ce matin je redécouvre les alentours, c’est encore une fois un décor magnifique.
On se retrouve pour le petit déjeuner, le poêle est allumé ce matin aussi quelle bonne surprise, hier soir il faisait vraiment froid quand on s’est couchés. Karl m’a dégoté une couverture extra, comme dirait ma sœur elle était « pilou pilou », trop bien. Je me suis enfilée dans mon sac de couchage, enroulée dans la couverture pour la nuit, et glissée sous la couette, un vrai rouleau de printemps pour le 21 mars !
On a pris notre temps au petit déjeuner, j’ai mangé un porridge avec des morceaux de pomme et un supplément beurre de cacahuètes, comme presque tous les matins, sans oublier mon ail cru. On est partis à 9h00. On était blasés de pas avoir eu notre day off mais ce soleil nous a vraiment motivés.
A chaque fois que je lève la tête, je suis impressionnée des montagnes, je me sens tellement petite et à chaque fois tellement heureuse, quelle chance j’ai de voir ça de mes propres yeux. Je remercie mon corps de me porter moi et mon sac, mon genou va plutôt bien, c’est un vrai plaisir de marcher.
Je m’arrête souvent, je me retourne, j’ai le Gangapurna majestueux devant moi, et l’Annapurna III avec le somment dans les nuages, qu’est-ce que c’est beau. On alterne les sentiers, tantôt on marche dans la neige, tantôt dans la boue, tantôt sur des gravats ou alors sur des pierres. Parfois ils sont larges, parfois hyper étroits, une vingtaine de cm. Le ravin n’est jamais bien loin, il faut faire attention où on met les pieds.
On a passé une nouvelle passerelle himalayenne de 300 mètres, décorée, comme d’habitude avec les drapeaux multicolores népalais. On continue l’ascension, je commence à sentir la fatigue, j’ai envie d’arriver. On aperçoit enfin Phedi, quel soulagement ! On passe l’arche du base camp, je suis super contente. On l’a fait, encore une fois. On y va piano piano mais on y arrive.
Je pensais que ça allait être une journée facile mais aujourd’hui c’était la plus dure pour moi en fait ! J’ai fermé la marche tout le long et le rythme était trop lent pour moi, ça m’a fatiguée. Je suis arrivée à Phedi épuisée, j’ai eu un gros coup de mou, mon corps s’est complètement relâché.
On a de la chance il fait grand beau temps, à cet instant où j’écris, je suis allongée dehors, la tête sur les genoux de Mélissa, je me requinque au soleil, je pense à ce que je vais manger, burger ou dhal bat (le plat typique népalais). Ma saturation et mon pouls sont toujours normaux, La faim est là, c’est un bon signe, je vais vite me requinquer. Finalement ça sera le dhal bat, ils me resservent, le ventre rempli je m’allonge sur un des bancs de la salle commune. Une musique d’ambiance en fond, les copains pas très loin, j’écoute les randonneurs parler de leur journée et commenter celle qui nous attend le lendemain, je somnole, je suis bien, toujours en train d’essayer de réaliser où je suis…
Ce soir nous sommes donc 8, nous 6 puis Louisa, qui marche avec nous depuis le base camp de Tilicho, et Jeremia, qu’on avait aussi rencontré au base camp de Tilicho, lui on ne le voit que le soir, il a un sacré rythme. Je continue à écrire pendant qu’ils jouent aux cartes, on n’aura jamais autant joué aux cartes !
J’arrive à envoyer quelques nouvelles à la famille, je commence à trier mes photos, j’en ai beaucoup. On guette les nuages au fond qui arrivent à grande vitesse au-dessus de Phedi.
Demain c’est le jour J, on passe Thorong-La Pass. Nous sommes tous impatients même s’il y a un peu de stress que chacun cache, enfin moi du moins ! On va se coucher à 20h00, ça pèle, on dort habillés déjà prêts pour demain matin, réveil 4h30, ça va piquer, mais on a 9h de marche et un peu plus de 900 mètres de dénivelé positif alors faut s’y prendre tôt puis on a envie de voir le lever de soleil depuis le camp de base du haut.
23/03/2023 – Day 10 – Thorung Phedi Thorong-La pass 5416m – Muktinath 3750m
A 4500 mètres d’altitude on ne dort pas bien, une souris (ou un rat?) est passé dans chaque chambre pour grignoter nos snacks, le chien a aboyé toute la nuit, et il a fait si froid que personne n’a réussi à dormir, sauf Alicia, je ne sais pas comment elle a fait !
Je crois que je n’ai jamais eu aussi froid aussi longtemps. Il me tardait que le réveil sonne. Je me suis levée à deux reprises pour aller aux toilettes, le ciel était incroyablement beau, on voyait une multitude d’étoiles et la voie lactée.
4h30, ça y est ! Je prends mon courage à deux mains pour sortir de mon sac de couchage, enfiler mon pantalon de trek et faire mon sac avec mes mains glacées.
Une barre de céréales et sans plus tarder on commence à grimper, bien couverts avec la frontale, il est 5h10 et il fait un froid de canard.
Aujourd’hui, on a décidé de partir en 3 groupes « de même niveau » pour essayer de respecter nos allures respectives, contrairement à la veille. Je suis dans le premier groupe avec Adélaïde, Louisa et Jeremia.
On arrive au dernier base camp avant la passe, il est à 4850 mètres, soit 400 mètres de dénivelé après 1h10, on n’a pas chômé pour cette première montée. Bizarre comme sensation, mon cœur bat la chamade, j’ai chaud à l’intérieur du corps, mais j’ai quand même encore super froid à l’extérieur. Je ne sens plus mes mains, même avec mes deux paires de gants. On aurait pu faire 100 mètres de plus pour aller à un point de vue à 360 mais après ces premiers 400 mètres j’étais déjà crevée et sachant qu’il restait encore 600 mètres à monter j’ai fait l’impasse. Jeremia lui a eu le temps d’y aller avant que je n’arrive au camp.
Vite après sont arrivés Karl, Mélissa et Isabell. Alicia a décidé de finir l’ascension à cheval. Vraiment, il faisait trop froid, le soleil se levait timidement. Avant de continuer, on a enfilé nos crampons, tout était enneigé. Les premiers rayons de soleil venaient se poser sur les flancs des montagnes, c’était majestueux, on découvrait peu à peu notre environnement, et à cette altitude au milieu de ces montagnes si hautes, on se sent tellement petit. J’avais déjà ressenti ça sur le bateau au milieu de l’Atlantique.
On tient un bon rythme, lent mais régulier. J’ai vraiment senti une différence dans mon souffle à partir de 5000 mètres, chaque pas devenait de plus en plus dur, mes jambes de plus en plus lourdes, j’avais l’impression de me transformer en zombie, en mode automatique. A la fois en train de lutter pour avancer et aussi tellement reconnaissante de marcher là, à peine croyable, étais-je en train de rêver ?
On suivait un tout petit sentier dans la neige, dès qu’on en sortait, on s’enfonçait dans la neige. Je pouvais voir que mes bâtons s’enfonçaient à chaque fois de 50 cm au moins. Je n’ai pas pu faire beaucoup de photos, mon téléphone était éteint, il n’a pas supporté le froid, tout comme mes doigts !
Il s’est formé des glaçons dans ma gourde, ce n’était pas agréable de boire de l’eau gelée, d’ailleurs ça m’a donné mal au ventre, tellement que j’ai dû aller me cacher derrière un rocher, et me soulager bien enfoncée dans la neige… ce petit effort m’a crevée ! Le reste du groupe avait continué à avancer sur une centaine de mètres à peine mais impossible de les rattraper.
On croise une première personne qui descend, on lui demande combien de temps il restait… 20, 25 minutes ! J’étais vraiment contente, à ce moment, ça devenait vraiment dur. Un peu plus tard, une deuxième personne, même question, vous y êtes dans 2 minutes, c’est juste après ce tournant ! Alors là je me suis sentie pousser des ailes ! En effet, quelques pas de plus et j’apercevais les fameux drapeaux du col. Youpiiii, j’y étais !! La passe la plus haute du monde. 5416 mètres d’altitude et à part un souffle court je ne ressentais aucun symptôme du mal de l’altitude. Malheureusement ce n’était pas le cas de tout le monde. Certains ont eu des gros maux de tête, des nausées, un suédois a eu des hallucinations, d’autres ont même dû faire demi-tour.
Dans notre groupe ça s’est relativement bien passé, certains ont eu des légers maux de tête, mais rien de plus. Alicia elle, a fait son ascension à cheval, ce qui était aussi une fabuleuse expérience pour elle.
Il était 9h25, on a mis 4h15 pour grimper les 966 mètres, je sors ma récompense du sac, un kitkat qui attendait là depuis quelques jours pour l’occasion, avec des petits gâteaux et une plaquette de chocolat. Avec un grand thé chaud au gingembre citron miel, un ciel bleu, un beau soleil, je peux dire que j’étais la plus heureuse au monde à ce moment-là. Nous sommes restés 1 heure à profiter de notre moment de gloire.
A 10h30, nous repartons les 5, Isabell est arrivée entre temps. A partir de là ce ne fût que de la descente, toujours avec les crampons, dans la neige, certains passages étaient gelés. Difficile de marcher et regarder où on mettait les pieds, tellement j’étais obnubilée par le paysage qui s’offrait devant moi. On a fait plusieurs pauses pour admirer ce panorama. La fin de la descente était un peu longuette, sur les cailloux et dans la boue. J’ai réussi à me prendre deux gamelles, mon pantalon était dégueulasse. On s’était tous donné rendez-vous au premier restaurant à 3 km avant Muktinath, j’étais contente d’arriver enfin.
Mon groupe est arrivé à 13h00, soit 2h30 de descente. Alicia était arrivée 1 heure avant, Karl et Melissa sont arrivés un peu après nous. Nous déjeunons tous ensemble, toujours sous le soleil, c’est vrai que nous avions la parfaite fenêtre météo, on avait bien fait d’annuler notre jour de repos avant la passe.
Nous repartons à 15h10, c’est chouette de faire les derniers kilomètres tous ensemble. Nous arrivons à Muktinath, à 3800 mètres d’altitude à 16h00, on arrive par derrière le fameux temple Shree Muktinath Temple, un des plus hauts au monde, où un énorme Buddha trône en haut de la ville.
1600 mètres de descente en tout pendant presque 8 heures de marche et la cerise sur le gâteau, j’ai même pas eu mal à mes genoux. Quelle journée, elle restera dans mes meilleurs souvenirs du voyage, sans hésitation.
On a choisi d’aller à l’hôtel Bob Marley, une auberge très sympathique qu’on nous avait recommandée.
Une fois n’était pas coutume, une bière autour du feu pour fêter notre exploit, la deuxième depuis que je suis arrivée en Asie, mais celle-là je l’ai vraiment savourée.
24/03/2023 – Day 11 – Jour de repos à Muktinath 3750m
Enfin, le fameux jour de repos, bien mérité! Après 9 jours de marche, j’apprécie vraiment. Pour notre jour d’acclimatation à Manang, on ne s’était pas beaucoup reposés, puisqu’on avait finalement fait une « petite » rando pour aller au temple à 4000 mètres soit 400 mètres plus haut que le village, pour s’acclimater.
Je suis sur la terrasse au soleil avec un bon café, sous une couverture, en train d’écrire ces lignes et revivre la journée d’hier, j’hallucine encore. Les copains sont autour de moi, on refait notre trek et le monde, on est légers et heureux, qu’est-ce qu’on est bien.
Cette fois, il me semble que je respire super bien, alors que nous sommes encore assez hauts. Après une omelette aux patates accompagnée d’un pain tibétain (ça change des pâtes à la sauce tomate), je pars visiter la ville.
Muktinath, ou Chumig Gyatsa, dans la région du Mustang, est l’un des sites de pèlerinage hindous et bouddhistes tibétains les plus importants du Népal, et aussi le plus haut du monde, à 3749 mètres.
Je commence par marcher dans le centre, en passant devant un très ancien immeuble qui héberge aujourd’hui le poste de police. Je tchatche un peu avec un des policiers, qui me dit que tous les jours ou presque ils font une grosse rando. Ils sont en forme ici ! Je continue et vais admirer la ville depuis un point de vue, finalement je les sens passer les 200 marches !
Je reviens sur mes pas, je fais coucou aux copains sur la terrasse de l’hôtel, et me dirige vers le temple principal, en forme de pagode, dédié au Seigneur Vishnu. C’est un spectacle incroyable, il fait un froid de canard, pourtant, derrière le temple, les dévots passent sous les jets d’une source sacrée, de l’eau bénite coulant depuis 108 bronzes en forme de vache. Ils enchaînent par des bains d’eau glacée en récitant des mantras.
Des drapeaux de prières sont suspendus au temple Fire Gompa contenant la flamme éternelle.
Il y a des milliers d’années, une fissure depuis laquelle jaillit de l’eau et du gaz naturel produisant une petite flamme ont été découvertes. De manière naturelle sont réunis les éléments terre, eau, feu, air.
Je repars à l’hôtel après une méditation au soleil contre le temple Fire Gompa. L’énergie est super forte ici et je me réjouis de prendre ce temps pour moi. Je redescends tranquillement en échangeant quelques mots avec les sâdhus assis sur les marches menant au temple. Je plane complet.
Les copains sont déjà autour de la cheminée centrale à attendre le feu. Je vais prendre une douche et je les rejoins. C’est assez rare pour le mentionner, j’ai assez de 3 doigts pour compter le nombre de douches que j’ai prises à ce jour. C’est une chance d’avoir de l’eau chaude, à ces températures, une toilette de chat me suffit en général ! 21h00, au lit, même si les températures remontent petit à petit, je me caille encore.
25/03/2023 – Day 12 – Muktinah – Kagbeni 2908m
13,1km – 3h42 – Dénivelé + 225m Dénivelé – 946m
Aujourd’hui on n’avait que 4 heures de marche, alors on a pris notre temps au petit déjeuner. Je profite d’un dernier cappucino qui est excellent dans cette auberge.
On se met en route, tranquillement. Ce matin on se retrouve les 6 de notre groupe d’origine. Jeremia est parti plus tôt et Louisa plus tard avec une amie qu’elle a retrouvée sur le parcours. Je les apprécie beaucoup tous les deux mais nous étions contents de nous retrouver « en famille ». La bonne humeur et les blagues nous ont suivis un long moment. Sitôt sortis de la ville, on arrive dans un décor lunaire, dans lequel quelques villages vivotent avec 2 ou 3 centaines d’habitants, comme celui de Jhong à 3594 mètres d’altitude, où on peut visiter des ruines d’un ancien fort.
Les nuages descendent vite des montagnes, le vent se lève, de plus en plus fort. Plus de blagues, on remet manteaux, chapeaux et gants, on baisse la tête, et on continue de marcher tantôt face au vent, tantôt contre lui, une chose reste permanente, il est glacial. Plus on avance, plus on a l’impression d’être sur une nouvelle planète, il n’y a rien à part des cailloux.
Après 10 km on aperçoit le village de Tini en contre bas, la vue est extraordinaire. On continue notre descente, on passe par un petit canyon, puis on arrive enfin à Kagbeni. La rando du jour était plutôt facile mais avec ce vent, j’étais contente d’arriver.
Karl avait entendu parler du YakDonalds, un hôtel restaurant qui propose des happy meal avec des burgers de Yak. On va donc tester ça, moi je prends des pâtes à la sauce tomate et aux épinards (eptite variante), elles étaient excellentes.
L’hôtel étant bien plus cher que d’habitude, on part à la recherche d’une bonne affaire. Après 2 tentatives dans d’autres hôtels, on tombe sur Show Boat Hôtel, le plus vieil hôtel du village. Les chambres sont gratuites à condition d’y dîner et petit-déjeuner, comme dans les autres hôtels dans lesquels nous étions allés jusque-là.
Cette petite auberge de 5 chambres était tenue par une famille, nous étions 9, c’était la première fois que les 5 chambres étaient occupées, le père de famille était content, et du coup nous aussi. L’auberge était très rustique, minimaliste mais super authentique. Un toit terrasse, où nous avons pris le thé, et depuis laquelle nous apercevons Thorong-La Pass, un peu caché dans les nuages, une salle de méditation, une salle commune et la cuisine avec un « salon ».
Il fait plutôt bon à 2900 mètres, les températures redeviennent « agréables », même si j’ai toujours plusieurs couches et le gros manteau. Avant que le soleil ne se cache, je vais marcher dans le village, c’est un sacré coup de cœur. Rien n’est droit ici, des petites rues avec des escaliers penchés, des coins et recoins, des petites portes tordues, bancales. Un peu plus haut, des champs avec une vue sur les montagnes, je m’assois jusqu’à ce que le soleil passe derrière les montagnes.
Au retour, je vais m’installer dans la cuisine/salon avec la famille, je passe du temps avec eux, ils préparent le repas et s’occupent des enfants. C’est génial, une immersion complète et une authenticité qui font chaud au cœur.
Le père de famille nous propose l’alcool local qu’on déguste avec plaisir en jouant aux cartes, pour pas changer de d’habitude ! Les plats sont délicieux, on se régale. Après manger il me demande si je peux l’aider à faire des bracelets, je partage avec lui un chouette moment.
26/03/2023 – Day 13 – Kagbeni – Jomson 2720m – Marpha 2670m
La journée a commencé tôt, à 6 heures nous sommes allés au monastère du village pour assister au rituel matinal des moines, une heure de chant et de prières. Nous sommes revenus à notre auberge familiale pour prendre notre petit déjeuner avant de repartir. C’est en comité restreint aujourd’hui que nous avons repris le trek. Deux d’entre nous ont pris le bus jusqu’à l’étape suivante à cause d’ampoules aux pieds qui ne leur permettaient plus de mettre un pied devant l’autre et une autre est partie directement à Pokhara.
Nous partions pour une bonne journée de marche, 20 km jusqu’à Marpha, en passant par Lupra et Jomson. En partant je dis aux copains « voyons quelles surprises on nous réserve aujourd’hui », je ne croyais pas si bien dire, la journée allait être originale encore !
Kagbeni est en bas de la vallée et pour rejoindre la vallée voisine de Lupra, il a fallu remonter puis redescendre. Une heure et demi et 6 km pour rejoindre le village de Lupra. Encore un décor lunaire, et des montagnes à perte de vue. On croise un berger, qui sortait de nulle part, qui gardait ses chèvres en jouant de la flûte, on s’arrête discuter avec lui, c’était surréaliste.
On grimpe encore une colline avant de redescendre enfin dans la vallée de Lupra. On remarque des caves dans les montagnes, l’une d’entre elles est accessible via une petite grimpette suivie d’un escalier. On laisse le sac en bas et on monte. Waow, quelle belle vue. Quand je pense que certaines personnes sont restées là pendant 6 mois pour méditer, je suis admirative. Les copains parlant déjà d’aller boire un thé au village, je ne médite pas, puis j’avais moi aussi un petit creux. Avant de partir, on s’était arrêtés dans une petite boulangerie acheter des beignets et Mélissa nous avait donné une plaquette de chocolat, dur de patienter encore.
On traverse à pied la rivière qui était sèche et on s’installe dans le magnifique village de Lupra au soleil, il est 10h00. Une heure après, on repart, il nous restait encore 13 bornes à faire.
Le chemin a changé suite à des éboulements de pierre, dès la sortie de la vallée, on se retrouve sur la route par laquelle passent les voitures et les bus. Comme tous les jours, il était l’heure pour le vent de se lever, ce qui rendait la marche difficile et pénible, dès qu’un véhicule passait on se prenait un nuage de poussière. Nous étions les 4 unanimes, nous n’allions pas faire les 5 km qui nous séparaient de Jomson comme ça. Et si on faisait du stop ? 10 minutes après, deux tracteurs transportant de grosses pierres s’arrêtent, avec l’accord du chauffeur on saute à l’arrière du premier, quelle rigolade, pas très confortables ces pierres dans le dos et les fesses, mais je ne me plains pas, j’arrive à me caler entre les sacs.
A Jomson, qui est la première « grande ville » en redescendant, on trouve un petit resto super sympa, on y mange un bon plat de Chowmein (pâtes népalaises) avec des légumes pour 2 euros, puis un dessert dans une boulangerie un peu plus loin. On reçoit un message de Mélissa et Karl depuis Marpha, ils ont trouvé une chouette auberge pour le soir.
Plus que 5 km avant de les rejoindre. Nous n’avions toujours pas envie de marcher sur cette route. On retente le stop. A la sortie de la ville, on accoste un chauffeur de camion qui n’hésite pas une seconde, il nous ouvre la porte, on s’installe les 4 avec nos gros sacs sur la banquette arrière, deuxième grosse rigolade. Il nous dépose à l’entrée de Marpha, quelle chance. On retrouve Melissa et Karl à l’auberge, et ils nous disent qu’ils ont trouvé une autre auberge pour aller déguster le cidre de pomme, une spécialité du village. En effet, Marpha est un village connu pour la pomme, déclinée en diverses boissons et desserts.
Le cidre ressemblait plus à un vin, il était plus fort que ce dont j’ai l’habitude, mais il était délicieux. On a joué au Jenga, avec quelques modifications de règles, ce qui nous a fait beaucoup rire. Trois verres chacun (même pas 1€ le verre), avec la fatigue, nous sommes sortis de là avec l’impression de faire une sortie de boîte à 5h du matin, il n’était que 19h30.
Nous sommes revenus manger à notre auberge et sommes partis au lit direct. 21h00, bonne nuit.
Nous devions marcher 20 km finalement on a fait que 6 km à pied mais quelle journée alors ! Il s’en est passé des choses !
27/03/2023 – Day 14 – Marpha – Tatopani – Pokhara
L’alcool aidant, j’ai dormi comme un bébé, ça faisait longtemps. Aujourd’hui le RDV était donné à 7h pour le petit-déjeuner, je me fais plaisir les prix sont divisés par 2 par rapport aux villages précédents.
On a fait une rapide balade dans le village, marché dans les étroites ruelles blanches et rouges, visité le monastère, qui est aussi un centre de méditation. Tout autour on pouvait voir les champs de pomme, qui commençaient à être en fleurs.
Le sac sur le dos, on se dirige vers la station de bus, le plan était de prendre un bus qui nous déposait à l’entrée d’un chemin entre Marpha et Tatopani, puis de marcher 3 km jusqu’à Titi lake, mais il n’y avait pas grande motivation ce matin, nous trainions des pieds.
Je discute avec Adélaïde, je lui dis que j’ai envie de rentrer à Pokhara, ce à quoi elle me répond illico qu’elle aussi. On se retourne vers Karl et Mélissa, eux aussi. Isabelle, beh elle suit, elle n’a pas envie d’aller voir le lac et rester à Tatopani seule, le prochain village où nous devions nous rendre pour passer la nuit après être revenus de Titi Lake.
C’était vite vu, le plan avait changé en 5 minutes, on rentre, en fait nous en avions tous assez.
Le bus pour Tatopani ne passait que deux heures après, on fait du stop ? A 6 avec nos sacs ? Allez on tente. 10 minutes à peine, un camion s’arrête, arnache nos sacs sur le toit, et on s’installe tous les 6 sur la banquette arrière. La route est archi pourrie, c’était 2 heures de sport intense pour se tenir, mais on se calait entre nous. Il nous dépose à Tatopani, on prend un déjeuner, le dernier avec Jeremia qui continue son chemin vers le base camp des Annapurnas, puis Mardi Imal soit 10 jours de trek en plus environ. Bonne continuation !
Le bus pour Pokhara passe 15 minutes après que nous soyons revenus sur la grande route et là c’était parti pour 100 km de machine à laver jusqu’à Pokhara. La route était encore bien pourrie, pleine de trous ou de travaux. Au bout de 2 heures, je regarde où nous en sommes, 30 km à peine, il en restait 70 ! Nooooon !!! Olala que c’est long. C’est au bout de 2 heures 30 qu’on a eu un semblant de route. En tout quatre heures interminables, à sauter dans tous les sens, avec la musique à fond, j’avais vraiment hâte d’arriver. En tous cas chapeau chauffeur, on a croisé plusieurs bus et jeep, on est passé très près du ravin, c’était un peu effrayant parfois…
Nous revenons à l’auberge avec Karl, Mélissa et Isabell, où nous étions avant d’aller en trek, nous y avions laissé toutes nos affaires. Adélaïde était dans un autre hôtel et y est repartie de son côté.
Il n’y a qu’une place disponible pour y dormir le soir même. Alicia qui était rentrée la veille était là aussi. Je prends le lit dans le dortoir, les 3 autres ont trouvé un autre hôtel plus central, eux restent quelques jours à Pokhara tandis que je repars après demain à Katmandou à l’académie de yoga avec Adélaïde. Ça nous a pris un jour alors qu’on discutait en marchant… si tu y vas j’y vais, OK let’s go alors !
28/03/2023 – Pokhara, jour de transition
Je me réveille à peine, j’ai tellement bien dormi. Je n’ai pas eu froid, pas besoin de dormir en mode rouleau de printemps, pas de tachycardie, pas de réveil nocturne, pas de souris, pas de chien qui aboie, pas de réveil… Ouf je savoure. Je retrouve Alicia pour le petit-déjeuner qui est excellent. Je prends le temps, ce matin je vais me la couler douce !
Mes voisines de table m’entendent parler du trek avec Alicia, et nous demandent « Vous rentrez de trek ? C’était comment ? » « C’était génial ! ». Oui vraiment, c’était GÉ-NIAL
14 jours de trek autour des Annapurnas. Une expérience incroyable, magique et intense au milieu des montagnes de l’Himalaya. Même si je suis revenue à Pokhara, ma tête est encore à 5416 mètres d’altitude, à Thorong-La Pass.
Autant physiquement que spirituellement, j’ai beaucoup appris sur moi.
Je ne savais pas comment je réagissais à l’altitude, ma seule expérience au-delà de 4000 mètres au Pérou quand j’avais 8 ans avait été catastrophique et j’en gardais un mauvais souvenir. Je ne savais pas non plus si mon genou allait tenir, et une fois en haut, à part l’hélicoptère, il n’y a pas d’autres choix que de continuer. Cependant, je savais qu’après un mois de yoga intensif, mon corps était prêt, je me sentais en forme pour attaquer ce trek, sauf pour le côté cardio, que je n’avais pas travaillé depuis un moment.
Au final, aucun bobo, même pas une ampoule aux pieds, aucun symptôme de l’altitude, juste un rapide mal de tête au camp de base du Tilicho et j’ai plutôt bien marché. J’ai dû parfois faire quelques exercices pour contrôler ma respiration en me couchant, je manquais parfois d’air là-haut enroulée dans mon sac.
J’ai beaucoup aimé marcher en haute montagne, c’était ma première expérience. J’étais partie bien équipée, avec du bon matos, ça fait la différence, je ne regrettais pas mes investissements. Même mes nouvelles chaussures étaient très agréables à porter.
J’étais aussi très bien accompagnée. Je pensais faire ce trek seule et finalement nous étions 6 voire 9 à un moment. Nous étions vraiment tous bien différents mais il y a eu une bonne alchimie entre nous tous, de la bienveillance, de l’entraide, de la générosité, de la patience, et de la bonne rigolade. Aussi, je réalise qu’il faut être au moins 2 pour des raisons de sécurité, tu ne sais jamais comment tu peux réagir en altitude, et j’en ai vu qui ont vraiment souffert. Si tu es seul, tu peux vraiment passer un mauvais moment.
Mes copains m’ont souvent demandé où je puisais mon énergie, c’est vrai que j’étais en pleine forme, je me suis moi-même étonnée. Je l’ai puisée dans notre groupe, dans chacune de mes connexions avec eux, mais surtout dans les montagnes même. Je priais chaque soir pour qu’elles me donnent un peu d’énergie pour le lendemain et demandais humblement la permission de traverser et leur protection. Enfin, j’ai senti quelque chose qui m’a poussée, une force invisible. Ça peut sembler bizarre mais j’étais aidée, accompagnée.
Enfin, je me suis confrontée une fois de plus à Pacha Mama. J’ai eu les mêmes sensations que celles pendant la traversée de l’Atlantique sur le voilier, ou celles en pleine jungle au Guatemala.
Je me suis sentie tout petite face à cette immensité, ça force à rester humble et respectueux pour l’environnement. Que ce soit la montagne, la mer, ou la forêt, si tu n’es pas le/la bienvenu(e), tu le sais vite. C’était un paysage extraordinaire, cette puissance fait presque peur, c’est tellement imposant et hostile parfois. Nous avons traversé différent paysages, tous aussi beaux les uns que les autres.
J’ai spirituellement pris une claque à Muktinath, l’énergie au temple était incroyable. Ma méditation a été très puissante et j’ai obtenu quelques réponses à des questions que je me posais et que j’étais venue chercher en voyage.
Le circuit des Annapurnas est un des treks les plus connus, j’étais agréablement surprise, il y avait du monde, mais pas trop, on a marché parfois pendant des heures sans croiser personne. Nous avons traversé plusieurs villages, certains très isolés et d’autres plus touristiques. Dans tous les cas, je reste admirative de leur mode de vie. C’est à chaque fois très minimaliste mais suffisant semble-t-il. Leur générosité et accueil m’ont fait chaud au cœur, un gros contraste avec ce froid, surtout le soir. Ils n’ont pas assez de bois pour se chauffer la journée, ils attendent le soir pour allumer le poêle. Les jours de soleil, il fait très bon et c’est très agréable. Prendre une douche chaude est un luxe que tous ne peuvent pas se permettre, comme je disais, rien que d’aller aux toilettes ou se laver les dents avec l’eau glacée pour moi c’était rude, qu’est-ce qu’il a fait froid ! L’eau de ma bouteille a gelé au dernier camp de base, c’est pour dire.
Pour finir, un énorme merci aux sherpas qui transportent sur leur dos des kilos et des kilos. Nourriture, tables, poutres en bois, sac pour ceux qui ne peuvent pas se le porter eux-mêmes. Ils sont impressionnants. C’est grâce à eux qu’on mange dans les auberges le soir.
Le documentaire sur netflix « 14*8000: aux sommets de l’impossible » à propos de l’alpiniste népalais Nirmal Purja leur rend hommage, sans eux, pas de trek possible ni d’ascension.
Je suis heureuse d’avoir connu ce Népal. Ça ne s’arrêtera pas là.
A qui le tour ?
Chapeau bas et bravo, fallait le faire… Quelle aventure Laura, et merci pour ces quelques lignes imagées de ce vécu qui nous transporte par delà les continents, mers et autres sommets.
Un vrai bouquin d’aventure que tu nous trace tout du long de ton parcours, un régal de te suivre…
Haha merci pour ton gentil mot, mais tu sais, je place cette aventure au même titre que naviguer en mer !