Etapes 20 et 21 – Colon et Panama City
Le Panama est une nouvelle étape imprévue, comme toutes les autres d’ailleurs, on l’aura compris bientôt ! Je pensais avoir le temps d’en profiter un peu, et finalement je ne suis pas restée longtemps, nous avons eu l’opportunité de continuer avec l’équipage du Pura Vida jusqu’au Costa Rica et nous avons sauté sur l’occasion de naviguer un peu plus, de traverser le canal du Panama, et par la même occasion, de me rapprocher un peu du Guatemala.
Nous sommes arrivés au Panama le vendredi 20 mai au soir et sommes reparties le jeudi 26 mai. La Marina où nous étions se situe à l’entrée du Canal, à 15 minutes de voiture de Colon. C’est une des marinas les plus agréables dans laquelle je sois restée. Elle est isolée, sur une ancienne base militaire, du coup, plusieurs services sont disponibles sur place, une laverie, une salle de gym, un resto, un bar, un supermarché, un marché de fruits et légumes, et même une piscine, et franchement avec la chaleur qu’il faisait elle était plus que la bienvenue. On a vite sympathisé avec plusieurs équipages et avec quelques personnes travaillant à la marina. On s’est vite senti au sein d’une grande famille, on a passé le temps tous ensemble et le séjour a été d’autant plus agréable.
Nous sommes allés à Colon le samedi avec tout l’équipage, le lendemain de notre arrivée, pour faire les papiers de l’immigration et régulariser notre situation auprès des douanes. C’est une ville plutôt craignos, les immeubles étaient en général plutôt délabrés, et la plupart sous grillage et/ou barbelés. Ça ne m’a pas du tout envie de revenir pour visiter… de toutes façons c’est fortement déconseillé, et pour une fois, je veux bien le croire.
Du coup, nous sommes restées avec Sarah pas mal de temps à la Marina à chiller avec notre équipage du Pura Vida et nos nouveaux copains. Nous avons quand même eu le temps de faire une rando dans la jungle juste à côté de la marina avec Sarah et Maya, notre coéquipière, et une sortie à Panama City avec Sarah.
Maya est partie le lundi sur le bateau de Pascal et Marie. Nous les avions rencontrés à Saint Martin et nous étions à deux doigts de partir avec eux. Ils ont acheté un catamaran pour faire une transpacifique depuis les Antilles, et embarquent des équipiers pour chaque branche de leur navigation. Nous les avons retrouvés sur le ponton de la Marina à Colon, ils étaient arrivés une semaine avant nous, quelle bonne surprise de pouvoir les voir avant qu’ils ne repartent, ils ont pu embarquer Maya, qui était contente de pouvoir faire elle aussi la traversée du Canal.
Dimanche, sous une chaleur écrasante, nous nous motivons toutes les trois pour faire une balade dans la jungle pour rejoindre la plage « El diablo » un peu plus loin sur la côte. Elle devait durer que trente minutes et s’est finalement avérée être un vrai parcours du combattant pendant deux bonnes heures. Le sentier n’avait pas dû être emprunté depuis plusieurs années, la nature avait repris ses droits, et nous sommes passées par toutes sortes d’obstacles.
Anciens blocos militaires, murs à contourner, escaliers, corde, mangrove les pieds dans l’eau, lianes, grosses racines à enjamber, de la gadoue, des déchets plastiques (quelle horreur d’en trouver à cet endroit de la jungle), des milliers de crabes, Sarah s’est même retrouvée coincée au milieu de l’eau en essayant de trouver un chemin pour avancer. A cela s’ajoutait des bruits non identifiés, mais pourtant bien proches de nous, de quoi flipper un peu. Au-dessus de nos têtes des singes hurleurs sautaient de branche en branche, curieux de voir de nouvelles têtes inhabituelles.
Tout n’est pas tout beau tout rose…
En plein milieu de la jungle, un tas énorme de déchets, surtout des bouteilles en plastique, ça fait mal au coeur. Les crabes ont élu domicile, la Nature enterre peu à peu les dégats… c’est bien triste.
Quel soulagement quand nous sommes enfin arrivées à la plage, c’était interminable. Un petit pique-nique pour nous remettre de nos émotions avant de reprendre un sentier retour, plus « safe » mais tout aussi original. Le début passait par un chemin qui lui était plus praticable, même si rempli de toiles d’araignées en tout genre, puis nous avons dû nous faufiler à travers des grillages sur lesquels était écrit « Ne pas entrer » avec plusieurs panneaux militaires interdisant strictement le passage, mais nous n’avions pas le choix, nous étions en plein milieu de la jungle et aucune envie de faire demi-tour, donc nous sommes passées par un ancien village militaire abandonné. J’avais l’impression d’arriver quelques années après une guerre nucléaire, ou une éradication de l’espèce humaine, j’exagère à peine. Je me croyais dans un film.
Notre tour s’est terminé par la visite d’une chapelle abandonnée et d’une autre zone militaire elle aussi abandonnée, qui sert aujourd’hui de support de graffitis pour les artistes du coin et de repères pour les singes et les chauve-souris.
Lundi midi, nous avons pris la navette de la marina jusqu’à Colon. C’était un jour de grève dans la ville, nous avons eu la chance d’attraper un bus, à peine cinq minutes après être arrivées à Colon. Heureuse de monter dans ces bus roses avec des rideaux en velours, avec la clim, la TV et la musique salsa à fond…. Une heure et quinze minutes pour traverser le pays en large et rejoindre Panama City. Presque deux heures de transport en commun supplémentaires pour arriver chez Mario pour faire du couchsurfing. Nous sommes arrivées trempées et de nuit, nous avons passé la soirée avec notre hôte puis profité d’un peu de wifi pour se mettre à jour. Nous pensions avoir quelques jours devant nous, avant de recevoir un message, le soir même, du propriétaire du bateau nous demandant de rentrer dès le lendemain car le bateau allait partir le soir ou le lendemain matin.
Mardi matin nous avons un peu de temps avant de reprendre le bus retour. Nous faisons un tour dans la vieille ville et le quartier avant la vieille ville, plus urbain, et plus populaire. De loin nous apercevons le quartier d’affaires, qui est comparé parfois au quartier d’affaires de New York avec la célèbre « vis », nous n’avons pas le temps d’y aller.
Devant la sortie du canal et le Pacifique, nous sommes excitées de savoir que nous allions repasser par là en bateau le lendemain et passer sous le pont des Amériques, que nous apercevons au loin. Quelques courses de fruits et légumes, pour trois francs six sous et nous reprenons le bus. De nouveau, musique et clim à fond, la TV avec des clips, c’est bon, pas de doutes, je suis en Amérique Centrale.
Une expédition de 24 heures, contre mes principes de slow voyage mais j’étais quand même ravie d’avoir visité la vieille ville du Panama, ça valait vraiment le coup. J’ai même fait la bonne touriste avec l’achat de mon chapeau Panama.
Nous arrivons mardi après-midi à la Marina, tous les transports s’enchainent super bien, et finalement nous apprenons que nous partons que le vendredi ! Deux jours à la Marina tranquilles à profiter du lounge climatisé et de la piscine, avec le voyage de Pookie, un équipage super sympa, qui est arrivé un jour après nous. C’est quand même super cool aussi.
Galerie complète de photos du Panama disponible en cliquant ICI
Vendredi 16h00, le RDV est donné, nous devons nous rendre à la zone de mouillage à l’entrée du canal. 23 heures plus tard, nous sommes sur le Pacifique après avoir passé le canal de 80 km. Une expérience hors du commun.
Voir l’article complet et les photos sur la traversée du canal du Panama ICI
30/05/2022
Aujourd’hui, ça fait deux jours que nous sommes sur le Pacifique et que nous naviguons vers Puerto Azul, à Puntarenas au Costa Rica (Je devais aller à Quepos, mais nouveau changement de plan haha). Il y a très peu de vent, et l’équipage est pressé de livrer le bateau, donc le moteur est à fond. Bruit assourdissant qui fait mal à la tête à force. J’aurais préféré naviguer avec les voiles bien sur mais bon, depuis que je suis partie j’ai très peu fait de moteur, alors ça compense…
Après l’Atlantique et les Caraïbes, le Pacifique. Quelle excitation de naviguer sur un troisième océan/mer. J’ai longuement hésité à continuer et faire une transpacifique mais ça ne sera pas pour cette fois.
Je profite des derniers jours en mer, sur un Pacifique très calme, avec une houle inexistante. Ce matin, un dernier lever de soleil magique, que je n’ai eu que pour moi, étant de quart, tout le monde dormait encore. Sur ma droite au loin la côte, sur ma gauche des nuages formant de beaux dessins dans des couleurs pastel apaisantes. Je suis perdue dans mes pensées et admirative devant tant de beauté.
01/06/2022 – Etape 22 – Puntarenas au Costa Rica
On a posé le pied à terre hier, à six heures du matin, alors qu’on pensait arriver dans l’après-midi, et oui, en moteur ça avance ! Grrrrrrrrrrr
La veille au soir, un MAGNIFIQUE coucher de soleil, et des dauphins, c’était un instant MAGIQUE. J’étais gâtée pour cette dernière soirée en mer, vraiment, ça ne pouvait pas être mieux.
On a attendu que les douanes et l’immigration arrivent à 10 heures. Les papiers signés, le passeport tamponné, nous sommes allés tous ensemble à la Marina pour déjeuner et fêter notre arrivée sur le continent. Belle dernière journée, j’ai le cœur serré de voir partir notre équipage, avec qui on aura passé presque un mois et avec qui on aura vécu de bien belles choses.
Dernier petit cadeau, le propriétaire nous offre le tee-shirt de la société PANACHE qui vient d’acheter le bateau.
Et la suite ????
Quelques jours plus tôt, j’ai pris la décision de reprendre mon projet initial et d’aller au Guatemala. Je dois m’y rendre le 15 juin pour commencer une retraite spirituelle, qui va durer un mois. Au programme, yoga, méditation, et enseignements métaphysiques, je m’en réjouis.
Juste avant de partir au Costa Rica j’ai appris des choses qui m’ont vraiment déçue et perturbée. Nos vies ont parfois besoin d’être chamboulées, changées et réorganisées pour nous replacer à l’endroit où nous sommes censés être. A l’autre du bout du monde, un coup de fil a suffi pour ramener dans mon présent des choses du passé d’une manière inattendue. Je ne demande rien à personne, je vis mon rêve et trace ma route, paisible et heureuse en remerciant l’univers chaque jour de la chance que j’ai et j’apprends des choses qui franchement me dépassent, et me laissent dans l’incompréhension la plus totale. Après tristesse puis colère, je suis maintenant encore plus convaincue que j’ai bien fait de réorganiser la mienne de vie ! Finalement aujourd’hui je peux dire que ce coup de fil est une bonne chose, et me permet d’aller de l’avant encore plus ! Alors pour ce coup dur aussi, merci.
Cette retraite tombe à pic, après cinq mois riches et intenses, j’ai besoin de faire une pause et me retrouver seule (j’ai presque envie de dire « enfin » seule) pour me (re)centrer et retrouver mon projet initial.
Je suis gonflée à bloc pour 13 jours de transit en bus entre Costa Rica et Guatemala. Quand on est sur le bon chemin, on se sent pousser des ailes, et c’est le cas, je pars le coeur léger !
Vivement la suite….et les photos !
Bisous ma grande fille.
M.