C’est parti pour une nouvelle aventure, terrestre cette fois, destination le lac Atitlan au Guatemala pour une retraite spirituelle de un mois à partir du 15 juin. C’était mon projet avant de partir, après 5 mois de bateau, et de gros détours, je suis contente de poursuivre mon rêve.
1080 km, sans compter quelques détours pour les villes étapes et 4 frontières à passer, avec les formalités et taxes qui vont avec. Je ne me rendais pas compte, en bateau, c’était bien plus facile de voyager et le capitaine s’occupait de tout… maintenant c’est une autre paire de manche !
J’ai eu plusieurs fois la question « pourquoi tu n’y vas pas en avion ? Tu en as pour 1 heure depuis le Costa Rica ! »
Oui plus facile, sûrement bien moins cher, mais non, je n’ai pas fait 5 mois de bateau pour prendre un avion maintenant ! Je voulais rejoindre ce lieu par voie maritime et terrestre, et petit à petit, j’y parviens.
J’ai prévu de faire le parcours en trois grandes étapes :
1️ -COSTA RICA (Puntarenas) NICARAGUA (Managua) / 8 heures en bus. De là je reprends le bus direct pour aller à Granada puis à León
2 – NICARAGUA (León) EL SALVADOR (San Salvador) en passant par Honduras / 19 heures en bus. Moi qui ne tiens pas en place, je redoute ce tronçon !
3 – EL SALVADOR (San Salvador) GUATEMALA (Guatemala City) / 8 heures en bus. Et enfin, San Marcos de la Laguna aux bords du lac Atitlan.
C’est en quelques sortes mon pélerinage à moi ! »
01/06/2022 – Etape 22 – Puntarenas au Costa Rica
Je ne suis restée que trois jours à Puntarenas, le temps de me reposer un peu et planifier mon trip jusqu’au lac Atitlan. Vu que ne savais pas où j’allais poser le pied sur le continent, je n’avais encore rien préparé.
J’étais déjà venue au Costa Rica en 2016 pendant trois semaines, et je m’étais promis de revenir tellement j’avais aimé, mais ça ne sera pour cette fois que je profiterai du pays, je préfère me mettre en route !
Je loge dans une auberge super sympa, avec un personnel adorable qui m’a aidée à planifier mon trip et avec qui j’ai pas mal sympathisé, si bien que j’ai eu droit à un cours de bachata !
J’ai visité un peu Puntarenas, qui se situe au Nord du pays, sur une péninsule étroite dans le Pacifique, qui fait 6km de long et 500 mètres de large, et Esparza, une ville voisine, dans laquelle je suis me suis rendue pour faire mon test PCR (80€ ça pique, mais obligatoire pour rentrer au Nicaragua).
04/06/2022 – Départ de Costa Rica vers le Nicaragua
Mon bus est prévu à 3h00 du matin (!). Je me rends dans l’après-midi dans la ville El Roble, ou passe le bus pour trouver l’arrêt, car ce n’était pas bien clair sur le site internet. Je le trouve finalement devant une usine de boite de conserve de thon (beurk), dans une zone industrielle. Pas du tout rassurée de me savoir là en pleine nuit, je vais voir les gardes de l’usine pour savoir si je peux attendre avec eux, ce qu’ils ont accepté. J’ai cherché des hôtels à proximité, mais il n’y en avait pas un seul (enfin si, un hôtel « cabine » qui se loue à l’heure… je vous laisse devenir pourquoi faire).
L’après-midi j’ai fait un rapide tour dans la ville de El Roble, aucun intérêt, en plus il tombait des trombes d’eau. Je me suis abritée sous un stand, en me disant que j’allais peut-être pouvoir manger un truc en attendant qu’il s’arrête de pleuvoir, mais ils servaient que des pieds de cochon frits (re beurk), décidément, ce n’est pas simple pour une végétarienne !
Je suis revenue à 22h devant l’usine de thon pour attendre tranquillement mon bus avec un bon film et un bon livre. Un collaborateur de l’entreprise m’a offert le diner, trop mimi. Je devais faire peine à attendre là toute seule !
A 3h30 du matin (avec 30 min de retard), le bus nous passe devant mais ne s’arrête pas, nous étions que 2, l’autre personne l’avait vu venir de loin et s’était bien mise au bord de la route en gesticulant pour qu’il s’arrête mais sans succès. J’appelle l’agence en suivant afin qu’ils trouvent une solution, c’était impossible de rester là, mais enfin, comment avait-il pu nous passer devant sans s’arrêter ?! En plus mon test PCR n’était plus valable le lendemain, je devais absolument partir aujourd’hui.
Au bout de 15 min d’attente au téléphone, j’arrive enfin à joindre l’agence de bus qui nous propose de rejoindre le bus en taxi et de nous payer la course, le chauffeur de bus nous attendrait sur le parking d’un resto. Je trouve un taxi assez vite, je lui raconte notre problématique, et là il s’est pris pour Samy Naceri dans le film Taxi, il sort le turbo, il double tout le monde sur la route, chaud devant, mais au final on rattrape vite le bus, ouf, quel stress. En fait, l’agence de bus lui avait dit de nous prendre les deux à un autre arrêt d’une autre ville…
Le chauffeur du taxi m’a dit avant de repartir « Un paseo sin chascos, no es un paseo » (comprendre une promenade sans embuche ce n’est pas une vraie promenade), je pourrais appliquer ça au voyage en général. Il a raison, ça fait partie de l’aventure…
Pas le temps de beaucoup dormir, on arrive à la frontière avec le Nicaragua. Je paye 5$ à la sortie du Costa Rica (première surprise), puis on passe le contrôle sanitaire (test PCR), l’immigration et les douanes. Une autre taxe de 13$ (deuxième surprise), sauf que je n’avais que 5$ sur moi ! Pas de distributeur à l’horizon… « Vous ne pouvez pas reprendre le bus, vous restez ici » me dit l’agent de l’immigration. Quoi ? Je ne vais pas rester là ! Spontanément un japonais qui avait assisté à la scène m’avance l’argent et me donne un billet de 20$, vraiment trop sympa. Le billet était à peine déchiré, ce même agent ne l’a pas accepté, heureusement après avoir remonté toute la file d’attente, je trouve une autre personne qui me l’échange contre un autre billet non déchiré… bref, un autre stress pour finalement remonter dans le bus direction Managua. J’avais appliqué la règle de ne pas prendre trop d’argent sur soi, mais bon, il en faut un peu quand même, et oui…
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A Managua, je ne traine pas, on m’avait très fortement déconseillé de m’y promener, surtout que le terminal de bus n’était pas dans le centre. Sous une pluie battante, je cherche un distributeur pour retirer quelques cordobas (monnaie du Nicaragua), je n’avais plus un copec sur moi, même pas un dollar. J’aperçois de loin les arbres en métal de toutes les couleurs qui longent une avenue principale de la ville et je rentre dans un centre commercial. A l’entrée, quelle est ma surprise quand je vois le logo « armes interdites » juste à côté de celui des « animaux interdits »… ça donne le ton !
Un taxi m’amène à une station de bus pour Granada. Je suis avec mon énorme sac, un chauffeur me propose en rigolant de me suivre au bout du monde… Amigo, Granada sera suffisant !! 😉
Je monte dans son bus, et me suis demandé tout le long du trajet comment il pouvait encore rouler vu le bruit qu’il faisait. Mon sac sur le tableau de bord, moi assise à côté du chauffeur je vois la chaussée défiler sous son levier de vitesse, si on peut appeler ça comme ça !
Je suis assise juste au-dessus du moteur, une chaleur étouffante s’en dégage, sans parler de l’odeur. 1h20 d’étonnement, de rire, de découverte, et d’échanges avec quelques locaux. Je ne décroche pas mon regard de l’incessant balai des gens qui montent et qui descendent, le spectacle me valant 1€, incroyable.
J’arrive à l’auberge de jeunesse de Granada, je suis seule dans le dortoir quelle chance, une petite sieste et je repars manger un bout. Dans un bar je fais la rencontre de Marvin, un habitant de Granada, je finis à sa table, à boire quelques bières. Très sympa, il me propose de me faire une visite le lendemain matin. Oui !
Je rentre épuisée, mais quelle journée franchement ! En plus je commence à avoir la crève, la clim du bus a eu raison de moi. Il est temps de dormir…
05/06/2022 – Granada – Etape 23
Chose promise chose dûe, à 10h dimanche matin, j’ai droit à une visite guidée pendant presque 3 heures. Après une nouvelle sieste, je repars pour un deuxième tour, seule cette fois. La soirée suivante est bien plus calme.
06/06/2022 – Direction León – Etape 24
La station de bus est juste en face de mon auberge. Un bus pour Managua part dans les cinq minutes. Cette fois, le chauffeur est moins sympa, il me fait payer deux places à cause de mon sac… A Managua, je remonte en suivant dans un autre bus vers Léon, à 1h40. Je trouve l’auberge à pied très facilement à seulement 10 minutes, malgré les taxis qui m’ont tous dit que c’était bien trop loin… les coquins. Toujours avoir un coup d’avance, toujours.
Je suis encore bien tombée pour l’auberge. 6$, un lit dans un dortoir, petit dej inclus, et une salle commune des plus agréables avec patio intérieur et cuisine.
Dans le dortoir, je rencontre Cristian, un argentin, avec qui le feeling passe de suite, on sort en ville faire un tour tous les deux et le soir il m’amène dans un resto local, déguster une spécialité, la pupusa, une galette de mais, fournie de fromage et purée de haricots rouges (option poulet possible), agrémenté d’une salade de chou blanc dans une sauce tomate, je me régale. Une adresse bien cachée des plus authentiques.
En se promenant, on tombe par hasard sur un couple dansant la bachata, une élève et son prof. Des étoiles dans les yeux je leur demande si je peux m’inscrire à un cours privé également. Ca sera pas avec lui mais avec un collègue à lui que je trouve une place pour le lendemain pour un cours collectif et le sur lendemain en privé.
A l’auberge je rencontre aussi Fabricio un Costa-ricain qui remonte toute l’Amérique Centrale en moto, et Julia, une barcelonnaise qui a besoin de faire un break et réfléchir à son avenir, tiens ça me rappelle quelqu’un ! Les échanges sont riches et variés.
Toujours avec ma crève, qui ne cesse de s’intensifier j’arrive tout de même à visiter la ville avec un « free tour » guidé par Marlon, un local passionnant et prendre mes cours de danse. J’ai adoré ces deux journées, tout était super. Coup de cœur pour cette ville.
09/06/2022 – Départ vers San Salvador, capitale de El Salvador – Etape 25
J’ai le bus à 2h30 du matin, j’avais réservé un taxi, qui n’est pas venu ! Je me décide à partir à pied, et 1 minute après, je vois un taxi, je l’arrête, une cliente était déjà dans la voiture, mais très gentiment, elle me propose de monter et me déposer à l’arrêt, cool ! J’avais pas du tout envie de marcher seule de nuit.
Pour aller à El Salvador, on passe par un bout du Honduras, ce pays va de la côte Atlantique à la côte Pacifique. A la frontière entre le Nicaragua et Honduras, je paye 5$ de taxe de sortie du pays directement dans le bus, pas de reçu ni de justificatif, on ne sait pas trop ce que c’est mais évidemment on ne nous laisse pas le choix ! Mais même les locaux y passent, quelque part, ça rassure. Cette fois, j’avais de la monnaie sur moi ! On apprend de ses loupés… A l’entrée du Honduras, taxe encore, vérification du passeport évidemment, prise de photo et de toutes mes empreintes, ça rigole pas, même si c’est juste pour transiter dans la journée. A la sortie de Honduras, empreintes encore !
A l’entrée de El Salvador c’est plus relax, cette fois ce sont les agents de l’immigration qui montent dans le bus et qui vérifient nos passeports, suivis des douaniers avec leurs chiens qui nous reniflent tous nos sacs et une dame qui nous filme. Un peu intimidants mais forts sympathiques. Devinez quoi, pas de taxes ici !
A 17h30, j’arrive enfin à la capitale, Je passe par le centre-ville, je suis surprise par le bruit, la pollution, l’intensité de la ville, la quantité de bus et de voitures. Les trottoirs sont petits, il faut slalomer entre les passants et les voitures. Encore avec ma crève, et mon sac sur le dos, je ne passe pas un bon moment, j’ai hâte d’arriver. Après 1 heure à pied, je rejoins mon auberge (je m’étais trompée d’auberge oups). De l’extérieur, elle ne ressemble pas du tout à une auberge. C’est une grande maison, avec un portail fermé, mais c’est bien là, enfin.
Nous ne sommes que deux dans le dortoir, c’est avec Ivanely que je passe la soirée, une mexicaine qui s’est pris un long we de vacances. Adorable, je passe la soirée avec elle à l’auberge, j’ai une adresse pour dormir à Cancun si je veux !
Le lendemain, après un bon petit-dejeuner local (oeuf, banane plantin et purée de haricots rouges, pour 1€50 !), c’est avec Chris, un salvadorien, que je vais me promener et voir le volcan Boqueron, qui est juste à côté de la ville. J’ai même droit à une visite de son éco lieu qui est encore en construction. On finit la journée par les fameuses pupusas, j’ai même le droit d’aller en cuisine pour les voir confectionner les galettes.
Le surlendemain c’est avec Benjamin, un basque ( !! ) que je vais me promener dans le centre-ville et faire une partie de billard dans un lieu chargé d’histoire, qui surplombe la place principale du village ou la cumbia règne, les habitants s’en donnent à coeur joie.
12/06/2022 – Direction le Guatemala – Etape 26
7 heures de bus pour rejoindre Guatemala City, la capitale du Guatemala. Le trajet se passe bien, la frontière entre El Salvador et le Guatemala se passe très facilement, juste une vérification du passeport est nécessaire. L’agent de l’immigration m’annonce qu’il me reste 81 jours pour rester dans les 4 pays Nicaragua, el Salvador, Honduras, Guatemala. Je ne savais pas, mais le visa est délivré pour 90 jours pour l’ensemble de ces 4 pays. Si je veux rester plus, il faut aller au Mexique ou au Belize puis revenir.
A Guatemala City, j’ai de la chance, c’est Sébastien, un pote de Mouguerre, et un voisin bayonnais, qui vient me chercher avec Cristina, sa femme guatémaltèque et ses deux enfants. Franchement, à ce moment-là, ça ne pouvait pas mieux tomber. Des têtes familières et surtout, des amis de longue date, quel bien fou. J’ai passé trois jours chez eux, ça m’a ressourcée ! Je me suis bien reposée, j’ai beaucoup dormi, et j’ai profité de quelques restos avec Seb. Enfin, petit détail insignifiant mais qui avait toute son importance à ce moment-là du voyage (ceux qui ont voyagé longtemps comprendront), j’ai pu laver toutes mes affaires ! Je suis repartie requinquée et propre des pieds à la tête ! Le luxe. Merci Seb et Cristina, je vous en dois une !
15/06/2022 – Lac Atitlan – Etape 27
Seb me dépose mercredi matin au bus pour me rendre au lac. Après avoir négocié le prix du bus (toujours ce fameux coup d’avance, je savais combien je devais payer), je monte dans un de ces « chicken bus », très typiques en Amérique Centrale. Certains apprécient l’expérience, d’autres non…
Des anciens bus américains super colorés, hyper folkloriques, avec des fauteuils en cuir pas du tout agréables, un vrai tape cul, pas de place pour les jambes, musique à fond, toutes les fenêtres ouvertes, les gens montent et descendent sans cesse, des vendeurs de chewing-gum, masques, chips toutes les 5 minutes… perso moi j’ai adoré. (5€ pour 3,5h de bus, se déplacer dans ces pays ne coûte vraiment pas cher !)
Arrivée au village de Los Encuentros sur la route principale, je prends un 2ème bus qui descend vers le lac, puis à Solola un 3ème bus. J’aperçois enfin le lac, quelle excitation ! Je descends à Panajachel au bord du lac, de là je monte dans une barque pour rejoindre le village de San Marcos de la Laguna, un autre village au bord du lac. Presque aussi drôle que d’être en dinghy, la barque est aussi une aventure et d’être à nouveau sur l’eau me rappelle que naviguer me manque.
On m’avait prévenue, ce lac a une forte énergie. Je vais rester un mois pour faire une retraite spirituelle. C’est comme un rêve qui se concrétise enfin, après plus de cinq mois de voyage sans avion, j’y suis ! Mon cœur bat la chamade.
5 pays en 13 jours, c’est clairement à l’encontre du principe de « slow-voyage ». Le but était de rejoindre le Guatemala, je ne me suis donc que très peu arrêtée, et j’ai choisi de faire des micro étapes pour ne pas manger des heures et des heures de bus mais au final je suis mitigée sur mon choix.
D’un côté, les étapes fatiguent et rajoutent de la charge mentale (organiser le trajet en bus, trouver les stations, chercher les auberges, multiplier les va et vient…). De plus je suis repartie frustrée de ne pas plus profiter des villes que j’ai aimé, et ne pas pouvoir profiter des environs.
D’un autre côté, j’ai un petit aperçu du Nicaragua et de El Salvador, et je sais maintenant ce que je voudrais voir de ces pays, après avoir eu l’occasion de discuter avec d’autres voyageurs dans les auberges.
C’était du condensé en découverte, et cela confirme que ça ne sera plus mon mode de voyage désormais.
Ah, enfin c’est mis à jour et je suis ravi de savoir où tu en est, et dans quel état tu y est arrivée 🙂
Mais Pouuhh !!! en retraçant ton parcours depuis Panama, j’en suis presque épuisé en m’imaginant te suivre … Même si les péripéties sont quotidiennes et nombreuses, on vit tout de même à un autre rythme sur les flots, mais chapeau Laura, sacrée balade en tout cas où il t’a fallu éviter les embûches…
Je crois sincèrement qu’une vraie pose en pleine nature te fera le plus grand bien … A bientôt à te lire, Bises, Philippe.
Oui je me suis épuisée à vrai dire… Le rythme sur les flots m’allait beaucoup mieux que cette agitation terrestre. Maintenant, je reprends un rythme « lent », j’avais à coeur d’arriver au Guatemala pour le 15 juin. La mer me manque beaucoup ! C’est fou comme j’y pense. Bises à bientôt.