DE SAINT MARTIN AU PANAMA
Mercredi 20/04/2022 – Départ de Saint Martin
Nous embarquons avec Sarah à Marigot sur un catamaran, un Lagoon 42, baptisé Vaité. Cette fois, c’est en famille que nous allons naviguer avec Xavier et Maeva, et leurs trois enfants Luce 7 ans, Olga 5 ans et Aimé 20 mois. Sarah avait fait leur connaissance en décembre lors de son escale au Cap Vert, pendant sa transatlantique, et avait gardé contact pour la suite du voyage.
Ils ont commencé le voyage en août 2021 depuis le sud-est de la France, ont navigué en méditerranée pendant plusieurs mois, passé le détroit de Gibraltar, traversé l’Atlantique en janvier 2022 et souhaitent réaliser une transpacifique. Ça fait rêver, clairement, c’est fabuleux de faire ce périple en famille. Des coéquipiers les accompagnent parfois pour les aider aux quarts de nuit sur les longues navigations, et pour leur donner un coup de main avec les enfants. Naviguer c’est intense, mais avec trois enfants, c’est toute une organisation ! Mais avec ou sans équipiers, ils sont rodés.
A court terme, ils ont pour objectif d’aller en Martinique pour faire quelques aménagements et réparations sur leur bateau, puis à Bonaire, une île au-dessus du Venezuela. De là ils attendront la bonne fenêtre météo pour passer la péninsule de Guajira et aller à Carthagène en Colombie pour une escale de deux semaines environ puis enfin au Panama.
Nous ne savons pas combien de temps nous resterons avec eux ni jusqu’où, cela dépendra du timing et des opportunités que nous aurons en chemin. Ce qui compte aujourd’hui c’est que nous partons enfin de Saint Martin, le périple continue, et le plus important, nous voyageons encore en voilier dans une super ambiance !
Deux escales sont prévues avant
d’arriver en Martinique, à Saint Barthélémy et en Dominique. Saint Barthélémy,
j’y étais déjà allée avec les américains, c’était déjà inespéré d’aller une
fois sur cette île mais deux fois, c’est carrément improbable, quant à la
Dominique ça sera une grande première.
14/05/2022 – Trois semaines plus tard – Changement de bateau et départ de la Martinique
Trois semaines que je suis partie de Saint Martin, et me voilà sur un nouveau bateau, direction… le Panama ! Entre le 20 avril où j’embarquais sur le cata avec la famille, et aujourd’hui, il s’en est passé des choses !! Presqu’un mois que je n’ai pas tenu mon journal, ce n’est pas l’envie qui m’a manqué mais le temps. Ces dernières semaines sont passées à toute vitesse et ont été très intenses. Je suis contente de naviguer pour ralentir le rythme et prendre le temps d’emmagasiner tout ce qui vient de se passer.
Nous sommes six sur le bateau cette fois, un catamaran Lagoon 450, le « Pura Vida ». Jean-Pierre le capitaine, qui est skipper en Guadeloupe, Sergio et Gabriel deux skipper pro costaricains, Maya, une équipière de 18 ans qui a décidé de faire un voyage de huit mois en Amérique du sud, Sarah et moi.
Nous avions trouvé ce bateau via un capitaine que j’avais contacté sur la bourse aux équipiers (un site de cobaturage), il devait convoyer un catamaran au Mexique. Quand je l’ai contacté il n’avait plus de place mais il m’a donné le contact de Jean-Pierre, un ami à lui, qui partait quelques jours plus tard au Panama. Après l’avoir rencontré lui et les coéquipiers costaricains à la marina du Marin, nous avons décidé de partir avec eux sur le Pura Vida.
Panache, une société de charter du Costa Rica, dont font partie Sergio et Gabriel, a acheté le bateau à une autre société de charter de Martinique. Jean-Pierre, le capitaine, est chargé de convoyer le bateau jusqu’à Colon, à l’entrée du canal du Panama. Sergio et Gabriel, accompagnés d’un nouveau capitaine de Panache prendront le relais pour traverser le canal et convoyer le bateau jusqu’à Quepos, au Costa Rica côté Pacifique. Nous ne savons pas encore si nous pourrons faire cette deuxième partie avec eux, en tous cas je l’espère.
16/05/2022
Cette nuit, double cadeau, une pleine lune couplée à une éclipse lunaire. Le ciel était dégagé, on a pu pleinement en profiter. Une éclipse d’une heure environ nous a permis d’observer une pleine lune de couleur sang, c’était magnifique. Cette pleine lune en scorpion agit sur notre monde intérieur et nous aide à trouver de la sagesse derrière chaque challenge.
Pour ma part, je suis heureuse de faire le bilan de chaque challenge que j’ai eu jusqu’ici et réaliser tout ce que j’ai déjà vécu et tout ce que ça m’a appris. Je sens qu’un gros chapitre se termine, c’est ma dernière navigation avant de rejoindre l’Amérique Centrale. Avant de partir, j’avais imaginé arriver sur le continent fin mars, finalement ça sera fin mai, mais je me sens tellement bien que je suis persuadée que j’étais à la bonne place au bon moment, c’était mon chemin ! Je pense encore et toujours à la citation de Philippe Pollet-Villard « Dans un voyage ce n’est pas la destination mais toujours le chemin parcouru, et les détours surtout ». Un bon détour de deux mois qui m’aura enchantée et tellement appris.
Flashback sur ces trois dernières semaines
Nous sommes donc partis le 20 avril de Marigot, et avons navigué, sous un magnifique soleil et un vent plus que favorable. Quelques heures de navigation ont suffi pour apercevoir Saint Barthélémy. A l’arrivée, jolie surprise, sans le savoir nous nous retrouvons en pleine régate, au milieu de voiliers magnifiques. Nous sommes doublés de près, nous étions aux premières loges, quelle excitation, surtout pour Xavier, passionné de voile.
La régate « Les voiles de Saint Barth Richard Mille » dure une semaine, à la marina de Gustavia, pas mal d’agitation en journée et des animations le soir. Je recroise (encore !) Erwin, le skipper de Dream Yacht que j’ai rencontré lors de mon arrivée à Anse Marcel à Saint Martin, il participait lui aussi à la régate, quel plaisir de retomber sur lui. Nous passons tous ensemble une bonne soirée au concert de la marina, j’ai beaucoup de plaisir à danser avec Luce et Olga, qui débordent d’énergie.
Après une nuit au mouillage de Gustavia, nous partons avec Sarah visiter l’île. J’avoue que je n’avais pas envie d’aller vadrouiller par-là, mais Sarah me motive et je ne regrette finalement pas la sortie, qui m’a fait changer d’avis sur cette île.
Voir article Destination/Saint Barthélémy, en cliquant ICI
Ici aussi, nous sommes contentes de voir que le stop fonctionne super bien. On a fait l’île en long, en large et en travers dans la journée. Nous retrouvons la famille à l’Anse des Colombiers, au nord, la même baie où j’avais passé une soirée avec les américains, que de bons souvenirs ici…
Le lendemain à six heures, nous hissons les voiles vers le sud, nous avons un joli vent de face, naviguer au près en catamaran c’est mouvementé ! Les petits sont un peu malades cette fois, mais je reste fascinée de l’aisance qu’ils ont en navigation, même le petit Aimé, qui a appris à marcher sur le bateau.
Le temps passe vite, entre quelques leçons de lecture, de mathématiques, quelques jeux et dessins, une sieste, un peu de cuisine, le soleil se couche vite.
Mon quart de nuit de 23h à 2h se passe à merveille. Être la seule réveillée sur le cata donne une vraie sensation de liberté, la musique dans les oreilles, j’observe l’horizon et les étoiles.
Le lendemain matin, samedi 23, nous passons la Guadeloupe, une petite pause fait du bien à tout le monde, devant une belle vue, tout le monde saute dans l’eau, un régal.
Vaite regonfle ses voiles, et hisse son spi bleu et noir, il est magnifique. On rejoint vite la Dominique. Dans la baie de Portsmouth, une association gère le mouillage, nous sommes vite pris en charge, une barque nous montre où nous amarrer et les formalités sont vite faites, quelle efficacité !
On saute dans le dinghy dès que tout est réglé, nous voilà partis pour une balade en ville et un tour au marché pour un petit ravitaillement.
Dimanche avec Sarah, et lundi tous ensemble en famille, je découvre l’île, je ne suis restée que deux jours malheureusement mais je peux aisément dire que c’est mon deuxième coup de cœur du voyage.
Voir l’article Destination/Dominique, en cliquant ICI
Mardi 26, on reprend la navigation pour la Martinique. Six heures de navigation très calmes, un peu d’école avec les filles, et nous voilà déjà arrivés. Nous avons un joli cadeau de bienvenue, des dauphins viennent s’amuser devant le catamaran, quelle excitation, petits comme grands, nous sommes tous perchés sur le trampoline pour les voir sauter dans l’eau.
Premier mouillage à Saint Pierre au Nord. Ce n’était plus le soleil cette fois, mais une bonne grosse pluie. Parapluie et k-way enfilé (ça faisait bien longtemps que je ne l’avais pas mis celui-là) et on part faire un tour en ville.
Mission pharmacie pour moi, j’arrive à la mauvaise heure, 45 minutes de queue pour finalement ne pas trouver ce que je voulais, j’adore… à peine eu le temps de voir deux rues qu’on devait réembarquer.
La famille partait manger le soir chez des amis et Sarah restait à terre avec Laure, une amie à elle qui est venue passer une semaine en Martinique. Résultat, je me retrouve seule sur le cata. Incroyable mais vrai, je ne m’étais pas encore retrouvée une seule fois toute seule depuis que j’étais partie.
Je repense à la question que l’on me posait souvent « tu n’as pas peur d’être seule ? », il a fallu attendre quatre mois pour que je me retrouve enfin seule pour la première fois… et franchement j’ai kiffé cette soirée.
Le lendemain, Laure et Sarah qui avaient passé la nuit dans un gîte nous ont retrouvé sur le cata, puis nous sommes partis tous ensemble en navigation jusqu’au sud de l’île.
Petit arrêt en chemin en face de la plage du Carbet pour plonger et faire du snorkeling sur un spot de plongée bien connu, au fond de l’eau des épaves de bateau abritent maintenant des nuages de poissons…
On contourne le rocher du diamant puis on mouille dans la baie de Saint Anne. On y passe la soirée toutes les trois avec Laure et Sarah.
Au bord de l’eau, les filles recroisent par hasard Rodrigue, elles avaient fait sa connaissance dans le nord à Saint Pierre lorsqu’elles étaient dans le gîte, c’était drôle de le recroiser le lendemain à l’autre bout de l’île. On prend un verre avec lui, il nous propose de nous héberger si besoin, et de nous faire visiter l’île. Sans grande conviction nous échangeons nos numéros de téléphone, je ne savais pas encore qu’il allait devenir notre meilleur guide et que sa rencontre allait changer ma vision sur l’île et surtout m’apporter beaucoup plus personnellement.
Le lendemain, jeudi 28 nous arrivons à la marina du Marin, au sud-ouest de l’île, pour effectuer les réparations du cata. Nous quittons la famille pendant quelques jours avec Sarah et Laure, entre coachsurfing et stop, l’aventure martiniquaise commence.
J’alterne les journées entre tournée des pontons à la marina pour trouver un autre bateau qui nous déposerait sur le continent plus rapidement, des rando et visites. Je prends même le temps de prendre quelques cours de kite surf au Cap Chevalier tout au sud de l’île. Aurélie, ma première coéquipière est une fan de kyte et m’en avait tellement parlé qu’elle m’avait donné envie d’essayer. Merci ! Même si je passe encore plus de temps dans l’eau que sur ma planche, je me réjouis d’avance de retrouver Aurélie sur des spots de kyte.
Voir l’article Destination/Martinique, en cliquant ICI
Après cette rétrospective, nous re-voilà, sur le Pura Vida.
Mardi 17/05/2022 – En pleine transcaraïbe
Quatrième jour en mer, déjà. Les journées passent très vite. J’ai l’impression d’être partie hier.
A bord, seul dans son coin, à deux ou à plus, le rythme et les activités varient dans la journée, les échanges sont nombreux et intéressants, nous venons tous d’horizons différents et cette traversée n’a pas le même objectif pour chacun d’entre nous, mais nous voilà les six à partager sept jours de navigation.
La cata est grand, j’ai pas l’impression que nous sommes six, il y en souvent un ou deux en train de dormir pour récupérer du quart de nuit, un autre au poste de pilotage, un à la cuisine en train de préparer le déjeuner ou le diner, ou faire la vaisselle, un autre allongé sur un des nombreux matelas extérieurs en train de lire ou écrire ou dessiner… Un peu de yoga, un peu de pêche (Sergio et JP ont pêché un énorme thazard qui a fait plusieurs repas pour l’équipage, et un seul pour moi, c’était bien assez), nous avons même eu droit à un atelier de nœud marin par le capitaine. La vie s’organise simplement et naturellement.
C’est un équipage atypique mais complémentaire. L’ambiance est décontractée à bord, chacun met main à la pâte. Le must c’est pour les quarts de nuit. A six, ça passe plus vite, on a un roulement de deux heures chacun, c’est juste assez pour profiter de la beauté de la mer et du ciel de nuit, et pas trop pour ne pas piquer du nez.
Il est cinq heures du matin, je me lève pour mon quart, il fait déjà jour, le soleil ne va pas tarder à se lever. La lumière est très particulière ce matin, le ciel et la mer se confondent presque dans un gris bleu brumeux, c’est assez étrange, je n’avais encore jamais vu ça. La mer est calme, il n’y a plus de houle. J’aperçois au loin un cargo et les lumières de la côte, cela ne dure pas longtemps, nous passons Barranquilla, la côte colombienne descend au sud tandis que nous prenons un cap presque à l’ouest vers Colon. Nous arriverons demain matin.
Cette semaine est passée vite, toutefois j’ai eu le temps de bien profiter de cette transcaraïbe dans un autre esprit que la transatlantique. Comme je disais dans mon journal de bord de la transat, chaque traversée est unique, le bateau, l’équipage sont différents, les énergies changent.
Mélange d’excitation et d’appréhension. Je réalise à peine que je vais enfin poser les pieds sur le continent. Je n’ai pas du tout préparé mon arrivée là-bas, je ne sais pas encore si je vais pouvoir traverser le canal avec eux et rester sur le bateau jusqu’au Costa Rica. Surprise !
Dans tous les cas, mon objectif est de rejoindre le Guatemala, finalement je reviens sur mon idée du départ, après un détour de deux mois dans les Antilles, mais quel détour… j’ai mis la semaine à réaliser que depuis Hendaye au Panama, j’ai fait un parcours merveilleux, et que plus qu’un chapitre, c’est un livre que je termine. Je suis tellement reconnaissante de tout ça. La visite de dauphins qui viennent se frotter contre les étraves vient sublimer ce moment.
Petit détail anecdotique pour clore cette première partie, ma première escale était à Fisterra, où j’ai pu faire quelques pas sur le chemin de Saint Jacques et ce matin je termine le livre de Paolo Coelho, le pèlerin de Compostelle. La boucle est bouclée sur Compostelle. Cette première visite à Fisterra m’avait déjà donné envie de faire tout le chemin mais ce livre encore plus. Je connais d’ores et déjà mon prochain périple…
Passionnant ma chérie ! je t’imagine sans peine en train de profiter de tout ce que tu vois et que tu vis, et et vouloir profiter en même temps de ce que tu ne vois pas mais que tu imagines !!!
Prends soin de toi !
Maman
Merci merci !!! Je vis tout à fooooooooooooond !!
Nous lisons et relisons ton beau récit et partageons ton bonheur ce qui nous aide à surmonter notre appréhension et le poids de ton absence… Bonne et belle continuation, à vite pour la suite de ton aventure!!!
Le temps passe vite, bien trop vite, je savoure tous les instants avant de revenir !
C’est encore avec beaucoup de plaisir que je viens de lire la suite de tes aventures. Tu vis et vois de biens belles choses et j’en suis très heureuse pour toi. Et, le principal c’est de te voir profiter pleinement de tout cela et de te sentir sereine et épanouie.
Je t’embrasse bien fort
Merci 🙂 En effet, paix et sérénité! Sauf lors des périodes de transition, un peu plus stressantes, mais globalement très peace !