Le Chiapas, dont la capitale se nomme Taxla, est une des régions du centre du Mexique et partage une frontière avec le Guatemala. C’est une région montagneuse, très nature, chargée d’histoire, et qui reste encore authentique.
Jungle, cascades, merveilles naturelles, villages et communautés mayas, traditions uniques… il y a de quoi faire ici. Petit plus, il y a beaucoup moins de tourisme que dans d’autres régions, comme la péninsule du Yucatan par exemple (région de Cancun et Chichen Itza).
Sous l’impulsion de Comitan, la province de Chiapas se déclare libre et indépendante du Guatemala et de l’Espagne en 1823.
Dans le Chiapas, les mayas parlent principalement deux dialectes, le Tzotzil et le Tzeltal (à ce jour, on compte 22 dialectes mayas encore parlés). Chaque ville a des tenues vestimentaires différentes qui les caractérisent.
On peut découvrir ici « los 4 pueblos magicos » (les 4 villages magiques): Palenque, San Cristobal de las Casas, Chiapa de Corzo et Comitan, j’ai visité les trois premiers, deux autres villages mayas au nord de San Cristobal, San Juan Chamula et Zinacantan et le cañon de Sumidero, qui est sur l’emblême de la région.
Ils sont qualifiés de « magiques » en raison de leur traditions uniques et authentiques, de leur identité culturelle forte et encore préservée mais aussi car l’on y voit de nombreuses merveilles naturelles.
PALENQUE
A Palenque, je n’ai fait qu’un petit tour, c’est une grande ville avec pas grand-chose de particulier (à mon goût), la ville est surtout connue pour ses ruines et pour les cascades aux alentours : Roberto Barrios, les moins touristiques, Agua Clara, Agua Azul et Misol-ha. D’après ce que j’ai entendu, elles valent le coup. Il y aussi les sites archéologiques de Bonampak et de Yaxchilan, d’autres ruines mayas, accessibles depuis Palenque (compter 2h de route).
SAN CRISTOBAL DE LAS CASAS
La ville a été fondée le 31 mai 1528 par le capitaine général et lieutenant-gouverneur Diego de Mazariegos, après qu’il eut vaincu les Zoques et les Chiapanèques. Il en fit la capitale de la province du Chiapas. Une lutte de pouvoir agita Tuxtla Gutiérrez et San Cristóbal de Las Casas pendant les années 1820. Il y eut finalement quatre changements de capitale. Les pouvoirs s’établirent définitivement à Tuxla par décision du gouverneur José Emilio Rabasa Estebanell en 1892. Aujourd’hui, San Cristobal reste la capitale culturelle de la région (merci Wikipédia).
San Cristobal est située dans une cuvette, à 2120 mètres d’altitude, au milieu des montagnes. A 2200 mètres d’altitude, j’ai débord été très surprise des températures, je n’étais plus habituée, j’ai dû ressortir les pulls du fond du sac, et toutes les couvertures disponibles dans l’auberge. Il est souvent dit pour rigoler « San Cristobal, que frio en tus casas » (= il fait froid dans tes maisons). Ici il n’y pas de cheminée, ni de poêle, ni de radiateurs !
Saint Christophe est le patron des voyageurs et des touristes, j’en profite pour lui faire une prière au passage !
Grâce au Free Walking tour et à notre guide Laura, j’ai appris et découvert beaucoup de choses intéressantes de « San Cris ».
Pour le côté touristique, on commence par la place principale, « le Zocalo », avec la cathédrale de San Cristobal à la belle façade ocre, les rues piétonnes, dont le fameux Andador de Guadalupe, la rue piétonne centrale avec tous les bons restos et animations, surtout le soir, l’église de Santo Domingo, puis le marché central.
Il est très mal vu de prendre des photos ici, alors je respecte. L’odeur du poisson déshydraté est très forte, heureusement vite cachée par celles des fruits sur le rang d’après. Il y a de tout partout, pas vraiment de logique, ainsi on peut voir des poulets déplumés qui pendent au milieu des caleçons et chaussettes.
Cependant, ce qui m’a le plus marqué, c’est le niveau sonore du marché. Ici ça ne crie pas, c’est très animé mais plutôt calme, ce qui est agréable.
L’église de Santo Domingo, de style baroque, a été construite par des évêques au 16è siècle, ce sont eux qui ont décidé de l’endroit, et de l’orientation, elle fait face à des belles montagnes. Il y a tellement de détails sur la façade (refaite en 2006) et dans l’église, que la construction a duré 200 ans. Ici aussi, on apprécie le mélange entre éléments classiques catholiques et indigènes.
Pour continuer sur du plus authentique et hors des entiers battus, on remonte dans la vieille ville, et arpentons les rues pour apprécier le street art, voir les galeries d’artistes locaux, et terminons par une dégustation de pox, l’eau de vie du Chiapas.
San Cris est un RDV des artistes de la région, des collectifs d’artistes se retrouvent pour manifester pacifiquement via leur art (cela n’a pas toujours été le cas avec le mouvement zapatiste), contre plusieurs sujets divers et variés. Ça passe par la dénonciation de l’absence d’eau en ville (ici, l’eau du robinet est à peine traitée et est particulièrement sale), l’oppression des femmes, la nouvelle ligne de train maya entre Chichen Itza et Palenque, l’urgence climatique …
Ici, un litre d’eau coute plus cher ici qu’un litre de Coca Cola, même les bébés de moins d’un an en boivent. C’est un non-sens, savez-vous que pour faire 1 litre de Coca il faut 20 litres d’eau ?
J’ai terminé la journée avec une petite balade digestive jusqu’à l’église de Guadalupe, construite en 1835, perchée sur une petite colline, au bout de la rue piétonne du même nom. Un belvédère permet d’apprécier la ville et les montagnes environnantes.
Je n’ai malheureusement passé qu’une seule journée à San Cris, mais suite à ce free tour, j’ai compris que j’aurais dû rester plusieurs jours tant il y a de choses intéressantes à faire, musées, restos, galeries, balades dans des parcs et de beaux points de vue.
SAN JUAN CHAMULA
A 20 minutes au nord de San Cristobal de las Casas, c’est un des rares villages mayas du pays qui a autant gardé sa culture, les habitants ont défendu leurs terres et leurs traditions, comme nulle part ailleurs. Ils ont réussi à trouver un accord avec les espagnols et ainsi, encore aujourd’hui, se mélangent rites catholiques et croyances maya préhispaniques. Une seule condition cependant, que les mayas soient baptisés. De nos jours, certains le sont par obligation et d’autres par amour et croyance. Depuis les années 1520, ils ont eu le temps, à travers les générations, d’adopter un nouveau dieu qui venait de l’autre côté de l’océan.
Ce riche mélange s’apprécie surtout dans l’église de San Juan Bautista, sur la grande place principale, elle vaut vraiment le détour.
De l’extérieur, on peut apprécier son blanc étincelant, et ses dessins verts, peints de cette couleur pour rappeler la couleur de la Terre.
L’intérieur intrigue, ce qu’il s’y passe est « secret », visiter cette église est une expérience dans un autre espace-temps, c’est une claque culturelle que je prends. Un beau mélange entre catholicisme et culture maya que je décris dans cet article ICI.
Le marché, n’est pas comme tous les marchés. Avec la culture maya très forte, celui-ci me dépayse vraiment. On n’y vend pas les mêmes choses que dans tous les autres, ici on voit des stands d’herbes médicinales, beaucoup de bougies, des boutiques ésotériques, et de la laine de mouton pour leur habits. Le dimanche le marché se transforme en lieu de vie, ils pique-niquent après un baptême ou une fête, des groupes animent les banquets, les plus belles tenues sont enfilées.
La tenue vestimentaire officielle de cette ethnie est très particulière, ici il y en a trois différentes. La première, la plus classique, est faite avec des poils noirs de mouton, et sont portées par les enfants, les femmes ou les hommes. Ensuite il y en a avec poils blancs, seuls les hommes en portent, et enfin des tenues noires à motifs, pour les autorités, généralement portées le dimanche. Une tenue officielle peut couter jusqu’à 1000€, selon la qualité du poil de mouton.
Avant de partir, un petit tour au cimetière devant une église abandonnée. Aujourd’hui sous ce ciel gris, il fait un peu froid dans le dos. C’est plutôt sale, les fleurs sont fanées, mais l’endroit porte une énergie particulière. Début novembre, les familles nettoieront tout et mettront de jolies fleurs pour accueillir et festoyer avec leurs morts le 1 et 2 novembre.
ZINACANTAN
Zinacantan est un village traditionnel tzotzil connu principalement pour ses fruits, ses fleurs, et artisanat, juste à coté de San Juan Chamula, au Nord de San Cristobal.
Les fleurs changent en forme et en taille chaque année, selon la mode locale. Le couleur tendance du moment : le mauve !
Après quelques emplettes, nous sommes arrivées sur la place du village. Quelle surprise ! Nous arrivons en pleine cérémonie pour la Virgen del Rosario.
Les femmes assises sur les gradins d’un même côté, avec leur typique blouse à fleurs (mauve du coup) et leur jupe noire, les hommes, eux aussi avec de jolies tenues fleuries, sont en train de célébrer la vierge, défilé, prières, musique, c’est un autre monde ! Nous sommes invitées à danser avec eux et partager le pox (eau de vie du Chiapas), ça tombe bien, je me caille sous ce ciel gris dans ce village à 2558 mètres d’altitude.
CANYON DU SUMIDERO ET CHIAPA DE CORZO
A une heure de bus de San Cris, une des sorties inratables de la région, à une heure de bus, c’est le canyon du Sumidero, une faille géologique formée il y a 35 millions d’années que l’on peut découvrir dans un parc national du même nom. Il est aujourd’hui l’emblème de la région du Chiapas.
Avant les années 1980, ce canyon n’était pas navigable, le courant étant trop fort. Depuis la création du barrage hydraulique en 1980, il est désormais possible de descendre la rivière de Grijalva dans une lancha en partant de ce barrage pour atteindre un des quatre villages magiques, Chiapa de Corzo, 60 kilomètres plus bas.
Le barrage fournit 2400MW par seconde, il alimente la région en électricité à hauteur de 60%, le reste étant distribué en Amérique Centrale.
La rivière est profonde de 250 mètres et le canyon, de 500 à 600 mètres de hauteur en moyenne, peut aller jusqu’à 1 kilomètre de hauteur par endroit. Au fur et à mesure de la descente, on est émerveillés.
On commence par voir les pélicans, et les « zopilotes », des oiseaux carnivores noirs qui naissent blancs, ils nettoient les animaux morts du canyon, puis des singes hurleurs paisibles au bord de la rivière et surprise finale, des crocodiles, eux aussi paisibles, sur la playa del amor. Playa del amor ? Oui amor… dida (mordida = mordu en espagnol), petite blague du capitaine de la lancha.
Plusieurs cascades, issues des rivières souterraines qui se jettent dans le canyon sont nombreuses et spectaculaires, surtout celle surnommée « l’arbre de Noel ».
La « grotte des couleurs » en l’honneur de la vierge de Guadalupe attire de nombreuses personnes le 12 décembre. Un défilé de lanchas vient lui faire des offrandes.
Je vais finir par une touche plus sombre, c’est la pollution, ici aussi. De gros travaux sont faits par les garde-forestiers, c’était pire il y a quelques années, elle s’étendait sur 3 kilomètres. Elle provient des 18 rivières qui se jettent ici, elles-mêmes récoltant toute la pollution des villes
Dernière ville magique visitée, Chiapa de Corzo, la plus ancienne du Chiapas. Cette ville est chargée d’histoire et je ne vais pas m’aventurer là-dedans. Les rives du fleuve ont attiré de nombreux conquistadors.
Je n’y suis restée que deux heures, le temps de voir la célèbre Fuente Pila, c’est un monument artistique des plus importants en Amérique Centrale. C’est la première fontaine de la région, faite dans le style Mudejar en briquettes rouges, que l’on retrouve beaucoup en Andalousie.
La fontaine est sous une voute soutenue par huit arches, représentant la couronne du roi d’Espagne Juan Carlos I et V d’Allemagne.
Galerie complète de photos de Chiapas, accessible en cliquant ICI