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3 – Du 07/02 au 23/02/2022 – TRANSAT INTERROMPUE, DETOUR A TENERIFE

IVT ? Vous connaissez ? Interruption volontaire de transat !  Nous faisons un détour par les Canaries, décidément ce voyage est plein de surprises…et à l’arrivée à Tenerife, je n’étais pas encore au bout de mes surprises.

Nous sommes partis de Madère lundi 7 après midi dans une grande euphorie, nous étions enfin lancés sur cette fameuse « transat » !  

Avec les prévisions de vent annoncées, il y avait 2 options. La 1ère était de partir direct à Trinidad et Tobago, et la 2ème était de passer par les Canaries avant. Nous avions choisi la 1ère option, l’univers, lui, la 2ème apparemment. 

Lors de la 1ère nuit, une pièce tenant la grande voile sur la bôme s’est cassée. Nous étions alors à 80 milles nautiques (150km environ) à l’ouest de Madère.

Sans réglage possible de la superficie de la grande voile, difficile de traverser. La pièce ne pouvant pas être réparée sur le bateau, il n’y avait pas d’autres choix que de changer de cap et basculer sur la 2ème option, direction les Canaries. 

Bonnes nouvelles: – Un système D nous a permis de continuer à utiliser la voile jusqu’aux Canaries – Ça nous arrive tôt sur le trajet. En plein océan, cela aurait été plus embêtant. – On a bon espoir de réparer la pièce aux Canaries ou de trouver une solution alternative.

Les mauvaises : Il y en a pas, c’est comme ça. C’est le jeu, et on accepte les cartes qu’on pioche ! C’est sûrement pour une bonne raison, je fais totale confiance à l’univers. Nouvelle escale imprévue pour notre périple, et elle durera le temps de réparer la pièce. Nous espérons tout de même repartir au plus tôt !

Quelques détails techniques pour les lecteurs voileux: 

Lors de mon premier quart de nuit, vers 2h30, le vent arrière tribord a tourné, il est passé travers babord, je réveille le cap’tain, nous devions empanner. 

On enroule la GV pour la passer à tribord, et au moment de la redéployer, le cap’tain s’aperçoit que le point d’écoute « vole » au dessus de la bôme, au lieu d’être accroché dessus. Pas de prise de ris sur ce bateau, pour modifier la superficie de la GV on fait glisser le point d’écoute sur la bôme via un chariot avec des butées, qui elles, coulissent dans le rail de la bôme. 

A la première lueur du soleil, le cap’tain rentre la GV, démonte le chariot coulissant, et s’aperçoit qu’une des butées glissant dans le rail a été tordue, le chariot ne peux plus tenir sans cette butée. En essayant de la redresser, elle s’est cassée. 

On pense que c’est lors du départ depuis Madère que la butée s’est tordue, en effet, lorsqu’on a sorti la GV dans le port, avec la force du vent, elle est sorti tout d’un coup violemment, ce qui n’arrive pas normalement. En plus de déchirer une couture, la butée s’est certainement fragilisée à ce moment-là. C’est lors de l’empannage nocturne lorsque nous avons sollicité le chariot qu’il s’est désolidarisé du rail. 

10/02/2022 – Etape 8 : TENERIFE aux ILES CANARIES

Une haie d’honneur un peu particulière en arrivant au port. Nous rejoignons la marina, impressionnés par ces plateformes démesurées. Une place nous est vite attribuée au ponton.

Avant même de poser le pied à terre, le cap’tain avait déjà trouvé une solution. Pierre, un de ses fidèles amis, mécanicien de bateau à Hendaye, a trouvé au fond d’un garage un chariot, pas tout à fait avec les mêmes dimensions que celles fournies par Philippe, mais un qui ferait l’affaire (le fameux « ça pourra toujours servir »). Dès le lendemain, Pierre l’avait emballé et posté, direction la marina de Tenerife. Il ne restait plus qu’à attendre que la pièce arrive et que les douanes ne nous embêtent pas (apparemment ils sont assez pénibles ici). 

13/02/2022 – Un voyage au long cours

« Pouce » comme disent les enfants pour faire une pause pendant un jeu. Je fais pareil. Une semaine de break à Tenerife, ça non plus ce n’était pas prévu, mais elle était la bienvenue. Sur le moment, on ne comprend pas toujours les cartes que l’on pioche, et les « surprises » qui surgissent, comme cette pièce qui se casse même pas 24h après notre départ pour la transat mais après coup, on se dit « en fait heureusement !  » Rien n’arrive au hasard… Faire confiance à l’ordre des choses. L’univers sait.

Voilà 1 mois et demi que je suis partie, et 1 mois que nous avons largué les amarres à Hendaye. Je n’étais encore jamais partie aussi longtemps, et je réalise qu’un voyage au long cours, ça ne se gère pas pareil qu’un voyage de 2 semaines. Il faut se reposer et savoir faire pause dans le jeu. Ce n’est pas possible d’être en mouvement
permanent, c’est évident me direz vous… ce n’est pas pour rien que j’ai gagné mon surnom sur le bateau « Lauragan » (l’ouragan), ceux qui me connaissent bien ne seront pas surpris ! Moi ? Hyperactive ?? Non….. 
Mais qui veut aller loin doit ménager sa monture n’est ce pas ?! 

Cerise sur le gâteau, j’ai attrapé cette foutu c**** à Madère, et elle s’est déclarée à Tenerife, heureusement que j’étais au port. Rien de grave, mais j’ai dormi comme un plomb ! Jai gagné une petite quarantaine sur le bateau ! Et Santa Cruz de Tenerife n’étant pas fou fou, au moins je n’étais pas tentée de sortir, encore moins avec le mauvais temps de ce début de semaine. La voilà l’explication de cette pièce cassée… Au repos moussaillon ! Si tu ne le prends pas par toi même, on te cloue au lit. Et toc.

On fait quoi en quarantaine sur un bateau ? On cuisine, on bouquine, on dort, on joue… on a quand même pris deux journées dans la semaine pour aller visiter San Cristobal de la Laguna et une autre pour faire une rando. Voir l’article sur Tenerife

17/02/2022 – Tenerife, encore…

Youpi, la pièce est arrivée hier ! Le lendemain, sous un beau soleil fortement apprécié – le début de semaine était plutôt nuageux et frais – nous avons commencé la journée « bitouilles ». Le cap’tain a remplacé le chariot de la voile, tandis qu’avec Aurélie nous avons recousu la grande voile, qui sous le vent à Madère, s’est déchirée à trois endroits.

 

19/02/2022 – Cette date marque un gros tournant de l’aventure.

Le cap’tain nous annonce que pour raisons personnelles, il souhaite rentrer et annuler le reste de la transat. Coup de massue, que je n’avais pas vu venir… Je comprends pleinement les raisons qui le pousse à prendre cette difficile décision, mais je ressens tout de même de la déception, de la tristesse, et de la colère un peu… Il était hors de question que je m’arrête là. Impossible. Non non et non.

Je remercie ma famille et mes amis qui ont su trouver les mots pour me remettre d’aplomb après ce coup dans l’aile. Avec raison, ils m’ont tous rappelé ce en quoi je crois le plus, l’univers ! C’était sans doute pour une bonne raison, et qu’autre chose m’attendait très certainement.

Après un long moment de trouble, et de doutes, je me remets à la recherche d’un bateau avec Aurélie. Déjà d’imaginer arrêter là la transat était difficile à encaisser mais en plus de nous quitter nous rendaient encore plus tristes, nous n’étions pas prêtes à séparer nos chemins.

Projeter positif, on allait trouver, il n’y avait pas d’autres options. Trouver une place d’équipière c’est déjà compliqué, surtout que nous arrivons en fin de saison pour une transat dans le sens est-ouest, alors trouver deux places, c’était presque mission impossible.

Après la consultation des annonces (dont la plupart étaient dans le sens retour ouest-est) et l’envoi de plusieurs bouteilles à la mer, nous décidons de faire du porte à porte au port de Santa Cruz. Un joli arc en ciel nous a souri à la sortie du café dans lequel nous nous étions posées pour faire le point. On se regarde, et sans se dire un mot, nous avions compris toutes les deux le message 5 sur 5, nous allions trouver un bateau.

Le matin même, Aurélie avait salué le capitaine d’un catamaran qui venait de s’amarrer sur le même ponton que nous. L’après-midi, elle me dit « et si on commençait par lui ? Il avait l’air super sympa ».

Sa sœur nous reçoit, nous lui exposons notre situation, et elle nous répond « Ca tombe bien, le capitaine cherche deux nouveaux coéquipier(e)s pour traverser, nous nous devons partir, on bosse lundi ! Passez ce soir il sera là ».

Le soir, nous le retrouvons sur son catamaran et partageons nos projets et rêves respectifs. C’est d’ailleurs la première question qu’il nous a posé « quel est votre rêve ? ». Jolie façon de commencer nos échanges. Nous partageons le repas avec son équipage qui passait la dernière soirée à bord. Au cours du repas, il nous dit « j’ai trouvé deux nouvelles coéquipières ». Explosion de joie. Aurélie et moi on se prend dans les bras, après un petit orage, l’horizon s’éclaircissait de nouveau.

Christophe est skipper professionnel, il convoie des bateaux depuis 14 ans. A la demande de nouveaux propriétaires, il leur livre leur bateau depuis le port de fabrication jusqu’à la destination souhaitée. Cette fois, Christophe est parti de La Rochelle avec un catamaran flambant neuf, pour le livrer sur l’île Saint Martin, au Nord de l’arc antillais. Il prend avec lui des coéquipier(e)s pour l’aider à faire les quarts de nuit. Ca tombe bien, on sait faire maintenant !

Notre départ dépend de la météo bien sur, mais il est prévu de partir demain soir, soit en passant par le Cap Vert, soit en filant tout droit, dans ce dernier cas, il s‘agit de 20 jours en mer non stop.

Nouveau bateau, parties sur un monocoque nous allons découvrir maintenant un Astréa 42, un catamaran, nouveau capitaine, nouvelle organisation à découvrir, nouvelle énergie, mais ma coéquipière de choc, elle est avec moi, pour mon plus grand plaisir.

Evidemment, je laisse Fisaloey et Philippe avec un gros pincement au cœur. Grâce à lui j’ai découvert la voile, la navigation côtière et hauturière, la vie sur un bateau, découvert de nombreuses escales, et rencontré Aurélie. Les nombreuses heures à papoter de jour comme de nuit, ses nombreuses anecdotes, toujours ponctuées par une grande gestuelle, et ses bonnes recettes de cuisine ont été un vrai plaisir.

Hier soir, j’ai aimé la façon dont il nous a résumé le bout de chemin que nous avons fait ensemble « C’était une belle harmonie ». 

Je le remercie pour tout ça. Vivre H24 l’un sur l’autre sur un espace aussi restreint, c’est une fabuleuse aventure humaine avant tout, au sein de laquelle bienveillance, respect, écoute et entraîde sont les maitres mots.

Accès à la galerie de photos de la navigation hauturière (en Macaronésie)

Cet article a 4 commentaires

  1. Aline Lujan

    Contre mauvaise fortune…..bon coeur !!!! profitez bien de ce séjour imprévu et sachez découvrir les pépites de l’ile, je vous fais confiance !

  2. Stéphanie Debelle

    Quelle aventure !! Petit tour à St Martin en catamaran, le top !! l’Ile est magnifique. Bon vent à toutes les deux.⛵

    1. Laura

      Oui.. il est top! On a de la chance. Bisous Steph

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